La vengeance est un plat qui se mange froid. Pour François Leclerc (Belmondo), cet adage prend tout son sens. Après avoir tutoyé les sommets de l'aristocratie du nord de la France et connu une ascension sociale des plus fulgurantes, propriétaire d'une boite de nuit sélecte, Leclerc découvre un trafic de drogue au sein de son établissement. Pour le faire taire, il est injustement accusé d'un double meurtre et purge une peine de sept années de prison. Le film suit en flashbacks, « façon puzzle » (clin d'oeil à Bernard Blier), l'histoire de François Leclerc fraîchement libéré, bien décidé à trouver les coupables. Sous couvert d'un polar, Verneuil en profite pour dresser un état des lieux économique, politique et surtout social du milieu des années 70, en caricaturant une certaine bourgeoisie où les mondanités et les courbettes ont moins le goût de la sincérité que celui du cyanure. Une fois de plus, Belmondo tout en justesse, l'humour cinglant mais modéré, incarne un homme nostalgique, blessé cherchant avant tout à comprendre. Le casting quatre étoiles (Marie-France Pisier et Bernard Blier en tête), rayonne sous la plume de Michel AUDIARD dont les dialogues ciselés font mouche jusqu'au final percutant où Verneuil en épilogue, cite William Blake : «Au matin, je vis avec joie, le corps de mon ennemi gisant sous l'arbre».