Un discours fade. Sans grande ambition.
Il y a des choses intéressantes dans ce film de Tom Hooper et pour son deuxième film le réalisateur britannique nous gratifie d'une oeuvre relativement bien accomplie techniquement. Mais malgré toutes ses bonnes volontés, Le discours d'un roi ne dépasse malheureusement jamais la cap du grand film, bien au contraire il se cloisonne dans le film gentillet probablement par manque d'ambition. En effet, le point de vue cherché par le réalisateur est sans conteste la reconstitution historique de bonne facture et jamais Tom Hooper ne tente une approche plus universelle de ses thèmes, il se contente seulement de retranscrire la réalité historique et rien d'autre. Et en faisant cela il condamne son film en ne lui octroyant qu'une seule couche, un seul point de vue -Qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un-. Tom Hooper retranscrit l'histoire de George VI et s'arrête là, son objectif est simple et concis.
De plus Le discours d'un roi est un film totalement typé oscars et ça se ressent tout de suite par le formalisme de la mise en scène et le consensualisme du sujet. Car même si la mise en scène ne fait à aucun moment preuve de mauvais goût c'est bel et bien parce qu'elle ne tente rien, elle multiplie les plans fades et neutres tentant souvent de faire preuve d'objectivité et ne remettant jamais en cause son évolution. Néanmoins Le discours d'un roi n'est pas non plus dénué de qualités notamment sur le plan technique où la justesse des décors et costumes sont clairement le fruit d'une recherche et d'un effort incontestables. L'on ajoute à cela une photographie agréable à l'oeil et une véracité historique assez intéressante et on obtient un film de niveau correct, qui se laisse suivre de bout en bout sans aucun soucis.
Du coté de la bande originale c'est notre frenchie Alexandre Desplat décidément très demandé ces derniers temps qui est à l'orchestration. Son talent est aujourd'hui presque incontestable et sa musique toujours très pertinente, car elle se fond avec subtilité de part chacun de ses morceaux, épousant à merveille chaque notion et ambiance qu'il aborde. Son travail est donc ici de très bonne facture, poursuivant dans son style assez agréable, en espérant qu'il continu ainsi sur ses prochains films. L'une des grosse qualité du film est probablement sa triplette d'acteur Colin Firth - Helena Bonham Carter - Geoffrey Rush. Le premier réussit à se fondre totalement dans le rôle de George VI et même si jusqu'à présent l'acteur ne m'avait pas toujours convaincu dans ses précédents rôle, il fait ici preuve de charisme et de poigne dans un rôle loin d'être simple. Helena Bonham Carter est quand à elle resplendissante, véritable bouffée de fraîcheur, elle est tantôt charismatique, tantôt émouvante, une belle prestation.Geoffrey Rush campe quand à lui le rôle de l'orthophoniste avec classe, la triplette d'acteur est efficace se pose sans conteste comme la grande force de ce long-métrage.
Tom Hooper réussit donc son oeuvre sur le plan technique et s'accompagne de bons acteurs pour nous faire vivre cette histoire d'amitié entre deux hommes de classe différente, cette lutte et cette persévérance incessante envers le mal qui rongeait George VI. Mais voilà l'ensemble est trop peu ambitieux, parfois un peu fade et le réalisateur se voit malheureusement obliger d'introduire quelques touches d'humour un peu lourdingue pour présenter au mieux son film au grand public. C'est pas mauvais, ça aurait pu être bien mieux et ça ne mérite probablement pas tout ce plébiscite.