Le Discours d'un roi par Maqroll
Un film habile, à la limite de la roublardise, qui s’inspire d’un fait divers de la grande histoire, celle du roi Georges VI dont les magnifiques discours radiophoniques durant le Blitz réussirent à motiver toute une Nation contre l’envahisseur… et qui était bègue depuis une enfance marquée par l’ombre écrasante d’un père gigantesque et la rivalité féroce avec un frère destiné au trône. On imagine ce que, sur un pareil sujet, aurait pu réaliser un cinéaste puissant, de l’envergure d’Orson Welles ou de John Huston, ou, de nos jours, David Cronenberg ou Quentin Tarantino… Hélas, c’est le valeureux artisan Tom Hooper qui se colle à cet exercice et le résultat n’est pas vraiment convaincant malgré quelques atouts dont une interprétation magistrale des deux principaux acteurs, Colin Firth (justement récompensé par un oscar) et Geoffrey Rush (qui l’aurait mérité tout autant). La réalisation est académique à souhait et joue sur les grands sentiments (la montée finale aux sons du concerto L’Empereur fait pleurer dans les chaumières). Mais surtout, Hooper passe à côté de la psychopathologie complexe de cette histoire dont on n’a que des esquisses fugitives (le discours d’Hitler et la prise de conscience qu’il y a là un véritable frère à tuer par exemple). Il rate de la même manière le thème passionnant de la place de la parole dans l’humanité contemporaine de l’arrivée de la radio et du cinéma. À l’arrivée, on a seulement un beau livre d’images qui ne restera sûrement pas dans la mémoire du cinéma. Rageant…