Le Doulos, c'est le parangon du cinéma français à l'étranger. Je le découvre en même temps que j'apprends (sans surprise aucune) que sa photographie immortelle et parsemée d'ombres éloquentes, ainsi que son audace à représenter des aspects du crime que le septième art a souvent censurés, ont inspiré Scorsese et Tarantino.
Si la violence qui l'habite devait choquer à l'époque, elle surprend encore aujourd'hui. On a en effet pris l'habitude des euphémismes graphiques qui, dans notre cinéma d'antan, enrobaient les agissements les plus crus des moins recommandables locuteurs de l'argot parisien. Melville n'a pas ces barrières : pour lui, le crime, c'est l'occasion de briser le politiquement correct et de plonger sans culpabilité dans ce que l'Homme est capable de pire.
Polar presqu'entièrement débridé, Le Doulos n'hésite pas à faire avancer un scénario complexe (de la poudre aux yeux, parfois, mais il n'en est pas plus facilement manipulable) grâce une vraie machinerie narrative où les acteurs héritent d'une prestance inégalable. Quand on le visionne, on sait de quoi on peut être fier quand on parle du cinéma français.
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