Le Fils de l'autre par MarieDmarais
Alors que le fils d'Orith, Joseph, doit faire son service militaire obligatoire en Israël, elle découvre, lors d'examens sanguins, une incompatibilité génétique entre son enfant et eux, ses parents. Elle remonte à la nuit de son accouchement en 1991 où une alerte a obligé les médecins à mettre en sécurité son bébé avec un autre nouveau né, celui de Leïla, de nationalité palestinienne.
Le sujet n'est pas nouveau. Etienne Chatiliez l'avait traité sur le ton de l'humour dans son cultissime "La vie est un long fleuve tranquille". Ici, pas d'échange volontaire de bébé d'une famille bourgeoise contre un bébé d'une famille d'assistés sociaux mais entre deux familles issues de peuples qui se détestent : les palestiniens et les israéliens. Autant dire que question humour, mieux vaut oublier tout de suite ! Le défit est donc rude pour Lorraine Levy et difficile à relever. On ne peut pas dire qu'elle n'y arrive pas mais son film ne laissera sans doute pas de traces. Tout y est attendu et sans surprise : les mères laissent leurs différents de côté et se rapprochent assez facilement, les pères sont blessés dans leur amour propre et refusent de se parler dans un premier temps, les petites soeurs respectives, encore des petites filles, partagent sans aucun problème leurs Barbies. Seuls les deux jeunes ont un comportement assez inattendu. Choqués 10 secondes seulement, ils prennent la nouvelle de leur échange relativement bien en continuant tant que faire se peut leur petit bonhomme de chemin. Petite pointe d'humour tout de même et clin d'oeil au père Aubergé du long fleuve tranquille auquel se substitue un rabbin, religion juive oblige ! En résumé, on en attend peut-être trop de ce drame connaissant les tensions religieuses et politiques de ce coin du monde. A voir, certes, mais l'émotion est discrète, maladroite presque tabou. Sur ce tableau on lui préfère sans aucun doute la caméra de Eran Riklis avec "Les citronniers" ou encore "La fiancée syrienne".