Il était une fois l'histoire de Kaddour, Benoit et Frédéric. Trois hommes aux parcours divergents. Trois acteurs aux carrières différentes. Le premier aurait pu être une grande rock star. Le deuxième quant à lui était destiné à travailler dans le dessin. Le dernier enfin était bien parti pour vibrer sur les ondes des radios françaises. Mais le destin en aura décidé autrement en les faisant devenir tous les trois comédiens. La providence va encore plus loin car elle les réunit dans un même film pour que ces derniers incarnent les trois petits cochons. Pourvu que le grand méchant loup ne leur tombe pas dessus...

La différence entre les comédies françaises lambdas et Le Grand Méchant Loup, c'est que ce dernier ne veut pas faire rire à chaque scène. Les réalisateurs Nicolas et Bruno (scénaristes de 99 francs) ont le sens de la répartie et savent l'utiliser à bon escient. Pas de blagues lourdes comme notre bonne vieille France sait le faire, mais des mimiques réussies et des répliques bien placées suffisent à nous faire rire de temps en temps. De temps en temps car ce film, avant d'être une comédie, reste une fable.

Puisque nous sommes dans un conte, il est normal que les personnages soient des stéréotypes, mais des stéréotypes intéressants. Que cela soit l'aîné, cachant ses faiblesses et devant être le modèle pour ses deux frères. Le cadet, un peu perdu dans une vie où il ne trouve plus sa place. Ou le benjamin, assez immature et faisant ce qu'on lui dit de faire. Les réalisateurs de La personne aux deux personnes ont une nouvelle fois l'intelligence de proposer un casting pertinent. Si Merad est un peu en retrait puisque son rôle s'y prête (l'aîné sérieux), Testot s'en donne à cœur joie pour donner à son personnage ce ton à la fois loufoque et timide. Mais c'est bien Poelvoorde qui les surclasse avec un jeu composé de différentes palettes. Tantôt réservé (Les émotifs anonymes), tantôt affirmé (Podium), tantôt décalé, son personnage nous fait autant rire qu'il nous émeut.

Dépassant le stade de comédie, Le Grand Méchant Loup est une fable qui a, par essence, une morale. Celle d'être en accord avec la vie qu'on s'est construite et ne pas regretter nos années passées, en s'apercevant qu'il est désormais trop tard. Certains considèrent ce film comme machisme avec une vision réductrice de la femme. C'est oublier le portrait que Bruno et Nicolas font des hommes. Peureux, lâches, faibles et n'écoutant que leurs envies primaires, le grand méchant loup n'est pas réincarné par telle ou telle fille. Il symbolise le désir intérieur de l'homme. « Canis canem edit » ou plus communément : l'homme est un loup pour l'homme.
Hugo_Harnois_Kr
7
Écrit par

Créée

le 8 févr. 2014

Critique lue 224 fois

Hugo Harnois

Écrit par

Critique lue 224 fois

D'autres avis sur Le Grand Méchant Loup

Le Grand Méchant Loup
Claire_Dte
4

Un chouette décor, mais... rien derrière

J'allais le voir un peu réticente, mais en espérant passer tout de même un bon moment... Alors certes, on sourit, voire rit parfois, grâce au bon jeu des personnages principaux, quelques tirades bien...

le 20 juil. 2013

8 j'aime

Le Grand Méchant Loup
Fatpooper
7

Les trois gros cochons

J'aime bien les auteurs mais lorsque j'ai vu la bande annonce j'y ai pas cru à ce film. J'attendais tout de même qu'il sorte pour le voir ; ça aura pris du temps, mais j'ai fini par le trouver. Ben...

le 16 déc. 2017

4 j'aime

10

Le Grand Méchant Loup
Romain_Bouvet
6

Bonne petite comédie sans prétention

Voilà clairement le genre de film, totalement inconnu, qui commence sur Canal Plus alors qu’on est en train de zapper, et sans explication, on pose la télécommande et nous laissant embarqué par...

le 27 mai 2015

3 j'aime

2

Du même critique

Citizenfour
Hugo_Harnois_Kr
4

Critique de Citizenfour par Hugo Harnois

Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...

le 17 mars 2015

17 j'aime

2

Didier
Hugo_Harnois_Kr
8

Critique de Didier par Hugo Harnois

Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...

le 9 févr. 2014

17 j'aime