Les fesses posées entre le film d'aventure, le drame psychologique et le western, Le Jardin du diable est une réussite. L'histoire est béton et longtemps intrigante, Gary Cooper impeccable de raideur et d'humanisme, Richard Widwark parfait en joueur de poker insaisissable et cynique, les décors sublimes, le final intense mais l'ensemble se révèle aussi parfois trop bavard et, surtout, il manque un véritable antagoniste en plus des méchants indiens (qui sont heureusement très méchants pour le coup).
La lente révélation des personnalités des uns et des autres est amenée avec intelligence et la noirceur du propos s'épaissit au fil d'une intrigue qui débute presque par une joyeuse quête avant de s'achever dans le tragique. Henry Hataway tire ici de ses genres de prédilection le quasi meilleur. L'ensemble manque sûrement de davantage de profondeur et d'originalité dans sa deuxième partie pour être une oeuvre totalement marquante, mais elle est incontestablement une des réussites d'un réalisateur parfois injustement décrié.