Les Aliens ne se baladent plus en soucoupe volante

Après « La guerre des mondes », un autre classique de la science fiction subit un dépoussiérage : Le jour où la Terre s’arrêta. Keanu Reeves en alien énigmatique, un robot gigantesque pas commode, Kathy Bates en ministre de la défense, Jennifer Connelly en scientifique accompagnée de son beau-fils Jaden Smith, brouillard et vent, séquences de nuit, tension, drame, ton très sombre proche du cauchemardesque. Un bon remake ?


Mise à jour pour un des premiers classiques de la Science fiction


« The Day The Earth Stood Still » (soit en titre français « Le jour où la Terre s’arrêta », sortit en 1951 fait parti des classiques de la science fiction. L’une des toutes premières œuvres de science fiction à sortir au cinéma. A l’époque où l’Amérique était en pleine Guerre froide, les spectateurs ne pouvaient s’empêcher d’associer cette guerre au film qu’ils allaient voir.


Aujourd’hui encore, beaucoup de gens se questionnent sur l’existence ou non d’une vie extraterrestre, et ce qu’il adviendrait de notre planète s’ils y débarquaient. Pacifistes ? Hostiles ? La peur, encore elle, celle qui nous fait prendre bien trop souvent de mauvaises décisions. « La guerre des mondes » en 1953, « Le jour où la Terre s’arrêta » imaginaient une histoire apportant quelques suppositions sur une éventuelle invasion alien. En 1951, cette œuvre signée choquait le monde cinématographique d’Hollywood. Quand la peur remplace la raison, tel était le message ressortant de cette rencontre extraordinaire entre êtres venus d’ailleurs et humains.


Des années plus tard, en 2008, un remake voyait le jour. Le réalisateur, Scott Derrickson, souhaitait faire un film dans le même esprit avec un budget plus conséquent et une avancée technique très différente des années 50. Satisfaire les attentes et espoirs des fans de la version originale, tel était le but de Derrickson. Pourquoi refaire un classique quand celui-ci est parfait ? Ce qu’il y a de bien dans le concept de « remake » quand il est bien exploité, c’est de pouvoir adapter un vieux film à une autre époque, veillant au passage à garder les éléments importants. Entre les mentalités des années 50 et les mentalités d’aujourd’hui, il y a un fossé immense. Que peut donner une version moderne de ce classique qu’est « Le jour où la Terre s’arrêta » ?



-Comment étiez-vous avant d’être humain ?
-Différent.
-De quelle façon ?
-D’une façon qui vous terrifierait.



Une seconde chance pour bien recommencer ?


L’histoire de cette version 2008 sera racontée de façon totalement différente tout en y faisant ressortir l’esprit de l’original. 2012 approchait, certains étaient terrifié à l’idée que la prédiction des Mayas soit vraie. Hollywood, sadique comme pas deux, proposait d’amplifier cette peur en sortant tout un tas de film basé sur ça. Ainsi, après « Le jour où la Terre s’arrêta » était suivi par d’autres du genre « Prédictions » ou « 2012 ». Contrairement à ces derniers, « Le jour où la Terre s’arrêta » se voudra un poil plus optimiste. Surtout en le comparant à « Prédictions » vous donnant l’envie terrifiante de vous tirer une balle dans la tête une fois sorti de la séance. Ne vous attendez pas pour autant à un joli Happy End, les humains ayant ici droit à une leçon de taille.


« Le jour où la Terre s'arrêta » version 2008, modernisé, titillera de près le drame tout en plongeant son spectateur dans du film de science fiction accompagné de scènes catastrophes spectaculaires agrémentées de son lot de destruction de masse et de suspense. Si vous avez aimé les scènes d’action d’Independance Day ou encore « Le jour d’après », à coup sûr, et au moins de ce coté, ce film et son coté thriller devrait vous satisfaire. Toutefois à coté de la réussite du visuel, de la tension palpable accentuée par une bande originale excellente, « Le jour où la Terre s’arrêta » pèche sur certains points bien trop importants pour êtres mis de coté.



Ce n’est qu’à l’aube de la catastrophe qu’on trouve la volonté de
changer. Ce n’est qu’au bord du précipice qu’on évolue.



L’humanité va-t-elle finir par s’éteindre d’elle-même à cause des avancées technologiques et son retard d’un point de vue moral ? » Le jour ou la terre s’arrêta » y fait parfaitement allusion via quelques séquences montrant l’égoïsme et l’arrogance humaine. Et hop, un nouveau film voulant que le spectateur porte un regard sur lui-même. La bande annonce annonçait du grandiose pour les fans hardcore de SF. Tout ne va pas ce passé comme vous l’espériez.


« Le jour où la Terre s’arrêta » où comment insulter un classique en se concentrant uniquement sur l’esthétisme (et c’est discutable car hormis la réussite des scènes de destructions à la « X-Men L’affrontement final« et cette séquence où le robot Gort est enfermé dans un bunker militaire, c’est un zéro absolu) et quelques répliques philosophiques. Vous vouliez un film « pétard mouillé » n’arrivant pas une seule seconde à faire décoller son histoire bourrée de bonnes idées MAIS TOUTES survolées ? Vous l’avez. On garde les idées les plus inutiles, on les développe, on garde les bonnes idées, on les sèmes furtivement sans les creuser d’avantage (cf la scène au McDo). Un problème récurrent dans le monde des remakes.


Les émotions humaines sont présentes, certains points s’avèrent réfléchis et intéressants (l’aspect philosophique en tête de liste), il n’en reste pas moins que la fin est vite expédiée, la mise en scène d’une platitude totale, la psychologie de personnage quasi-inexistante et un paquet de longueurs inutiles pour un film bien trop court pour une histoire de cette envergure. La palme revient au traitement des personnages. A ceux qui se plaignaient des prises de décisions « discutables, ou pas DU TOUT » des gentils américains dans les films du genre, armez…CRACHEZ ! Vous avez autorisation.


Kathy Bates irritable incarnant tout ce qu’il y a de plus exaspérant chez les politiciens, Jaden Smith juste insupportable. Déjà gosse, on sentait « le fils de » se sentant au dessus de tout. Insolant au début (la mort de son père est-elle ici une excuse valable ?), un poil plus sympathique en bout d’histoire. Trop tard, le mal est déjà fait, aucune empathie possible à son égard, il en sera de même pour Jennifer Connelly qui malgré son jeu sincère ne suffira pas à donner un quelconque intérêt à son personnage. Dans ce remake, seul Klaatu, l’intrigue tournant autour de sa venue et l’évolution de son opinion sur les humains vaut le coup d’œil. Un sans fautes. C’est déjà ça de gagné.


Dans la version originale, Klaatu, notre extraterrestre à la forme humaine était bienveillant, venant sur Terre pour notre bien et encourager les êtres humains à devenir meilleur. 60 années plus tard, Klaatu est de retour, et il n’est pas là pour notre bien. Cette revisite du personnage incarne à elle seule l’esprit des années 2000. Compliqué, sévère, complexe d’un point de vue moral. Du personnage bien sombre collant à la perfection avec notre ère. Et en plus, il marche souvent à la cool, au ralenti ! Surprise, c’est Keanu Reeves qui est choisit pour interpréter le personnage. Visage sans émotions, regard presque vide, à la fois mystérieux et fascinant, Keanu est crédible dans ce rôle d’être venu d’ailleurs. La seule raison de voir ce remake.



Nous ne pouvons risquer de perdre cette planète pour une seule espèce.
Si la Terre meurt, vous mourrez. Si vous mourrez, la Terre survit.



Au final, Le jour où la Terre s’arrêta, classique de la science fiction a donc été ré-imaginé, adapté à notre ère, ne ressemblant pas à tous ces films d’attaques aliens. Un trop grand nombre d’éléments perturbateurs sabotent hélas les bonnes intentions de ce film narrativement feignant. Absence d’âme, originalité mal illustrée à l’écran, manque d’impact sur le sujet, morale naïve aussi efficace qu’une petite tape sur la main après une grosse bêtise, durée trop courte pour une œuvre de cette envergure et enjeu plus inoffensif que redoutable. Les effets spéciaux tantôt très bons, tantôt très moches (mention à la modélisation des tanks et avions de l’armée), la belle photographie, le choix des couleurs, le jeu des acteurs et les musiques ne sauveront pas ce remake où pendant plus d’une heure et demie, il ne se passera absolument…RIEN de nouveau SAUF à la fin. Le plus bizarre dans tout ça? Je n'arrive pas à détester ce film.

Jay77
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le 20 mai 2019

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Jay77

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