Si le film se positionne clairement du côté de la lutte pour les droits civiques et contre la ségrégation et raconte, à travers son personnage principal et sa famille, la vie des Afro-Américain et leurs luttes quotidiennes, il s’agit également de mettre en lumière les luttes entre membres d’une même famille. Entre lutte raciale et lutte familiale, le film de Lee Daniels retrace non seulement la vie de ce majordome, Cecil Gaines, interprété brillamment par Forest Whitaker, mais aussi les combats des populations noires des États-Unis, ses impacts et conséquences, aussi bien au sein de l’opinion publique que dans le cœur même de la famille.

Car chaque personnage prend ses positions d’une manière plus ou moins fortes et visibles. Et chacune de leurs actions a des retombées directes sur le cocon familial. Le fils aîné s’engageant contre l’avis de son père dans des mouvements contre la ségrégation va entrainer de lourdes tentions au sein de la famille. Cecil Gaines (le père et majordome) veut que les choses changent mais, lui qui a vécu dans le Sud et à vu les horreurs dont l’Homme blanc est capable, ne veut pas voir son fils se faire tuer. Et qui pourrait l’en blâmer ? Il ne cherche qu’à protéger son fils. Malheureusement leur relation ne va jamais vraiment s’arranger. Et pour ce fils, Luis Gaines, il est difficile de dire aux autres que son père travaille pour la Maison Blanche, pour des Hommes qui ne font rien pour améliorer la situation. Honte ? Peur d’éventuelles représailles ?

En plus des relations tumultueuses avec son aîné, Cecil Gaines doit faire face à des relations compliquées avec sa femme. Son travail passant avant tout, il est trop rarement à la maison et son mariage en pâtie lourdement. La belle Gloria Gaines sombre alors dans l’alcool.

Passons maintenant au casting. Et parlons sur un ton plus léger. Il faut bien l’avouer il y a de sacrés noms à l’affiche. Mais celle qui m’a le plus bluffé c’est sans doute Oprah Winfrey interprétant Gloria Gaines. Elle est magnifique dans ce film. Et tout à fait crédible dans son rôle de femme d’un majordome ayant grimpé les échelons. C’est une femme qui passe d’une vie toute simple et qui s’adapte à un nouveau mode de vie. Une femme qui voit sa famille imploser sous le poids des problèmes raciaux. Elle perdra successivement ses fils mais aussi son mari qui se consacre de plus en plus à son travail.

Mais le casting m’a également beaucoup déçu. Le choix des acteurs interprétant les Président des États-Unis les plus marquants de cette époque me laisse sans voix. James Marsden en Kennedy ? Vraiment ? VRAIMENT ? Désolée mais non. J’adore Marsden mais il n’a rien d’un Kennedy. Un effort aurait pu être fait de ce côté. Et c’est pareil pour les autres Présidents. Mais Kennedy quoi ! Si il y avait bien un Président à ne pas rater c’était celui-ci pour moi. En revanche, j’ai adoré Minka Kelly en Jackie Kennedy ! Je ne l’avais même pas reconnu.

Il y a donc dans ce film de nombreux éléments et tous peut-être pas assez exploités. Au final, il y a peut-être trop d’histoires à raconter et le réalisateur ne va pas au fond des choses. Le discours de Martin Luther King ? Inexistant. Bien dommage, surtout que le film est sorti aux États-Unis à un moment clé : les 50 ans du célèbre discours « I have a dream… » de Martin Luther King. Un joli coup. J’ai également noté la présence inexistante (sauf une brève mention) de Malcom X. J’ai trouvé ça bizarre de ne pas plus le mentionner et de ne pas donner plus de poids à ce personnage illustre des luttes pour les droits de l’Homme.

Pour moi le film possède trois grands axes et trois histoires que l’on suit : d’une part Cecil Gaines, son évolution au sein de la Maison Blanche et sous les différents Présidents. Et puis il y a son fils, Luis Gaines, militant engagé pour les droits civiques. Et enfin, la famille Gaines plus largement et l’impact que le métier de Cecil Gaines et l’engagement de Luis Gaines ont sur leurs vies respectives.

Un film à voir. Car on ne se rend pas forcément bien compte de combien la ségrégation aux USA a été forte et longue.

Voilà. Je vous conseille de lire les divers articles concernant le film sur le site du Figaro. Il y a des éléments très intéressants, notamment des propos tenus par le fils du Président Reagan. Je ne vous cache pas que tout cela me donne envie de lire la biographie du véritable majordome… http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/08/27/03002-20130827ARTFIG00405--le-majordome-mensonger-selon-le-fils-de-ronald-reagan.php

A lire également l’article de Wil Haygood dans le Washington post : http://www.washingtonpost.com/politics/a-butler-well-served-by-this-election/2013/08/13/961d5d78-0456-11e3-9259-e2aafe5a5f84_story.html
Rivendell
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le 12 sept. 2013

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