Il faut savoir dans un premier temps qu’en allant dans la salle de cinéma, j’avais conscience que j’allais voir un film sur un sujet qui me gonfle à un point plus qu’inimaginable. Ayant passé une bonne partie de mon adolescence en Guadeloupe, j’en ai bouffé des leçons sur l’esclavage. Alors autant dire que M.L.King, Gandy et toute la clique, aujourd’hui, moins j’en entends parler, mieux je me porte ! Mais quand j’ai vu le casting, et je dois l’avouer, l’affiche qui a pas mal de gueule, ça m’a botté. Et puis tout le monde en parlait! C’est donc parti, on va aller voir le dernier Daniels. Et puis il faut dire que quand j’ai vu que Maria Carey jouait, rien que pour ça j’ai eu envie de le voir. Cette pauvre autruche qui se prend pour la reine de l’univers qui se fait violer et ne sort plus un mot des années durant. TE-RRIBLE !
Bref, tout ça pour dire que je suis allée voir Le Majordome.

On a donc à faire à une famille de noir vivant aux États Unis, du temps où blancs et noirs n’ont encore rien a faire ensemble. Nous avons donc le père, Cecil, qui se bat pour que sa famille ne manque de rien. Il passe donc de serveur dans un grand hôtel à majordome à la Maison blanche. Entouré de deux fils, dont on sent vite que l’ainé va poser problème, et une femme bien aimante rêvant d’aller visiter la maison blanche. Les deux moments où on parle d’ailleurs nous font comprendre que le moment où elle va pouvoir enfin y entrer sera un moment clé du film. Plus les années passent (elles passent d’ailleurs bien bien vite, j’en reparlerai), plus ça devient le bronx, en fait. Il y a ce Majordome qui se tue au boulot pendant que la femme le lui reproche, que l’ainé intègre les Black Panthers et lui fait des cheveux blancs, que le cadet s’engage et meurt au combat, et reste intègre au travail. Ce que je trouve cependant marquant, est le jeu de Forest Whitaker. Il y a bien évidemment les rides maquillées qui jouent, mais il parvient à transpirer le malheur que Cécil ressent. Là est le boulot d’un acteur me direz vous, je répondrai que vous avez raison, mais que peu d’acteurs font évoluer mentalement leur personnage tout en marquant cette évolution au niveau du faciès.

Parlons-en d’ailleurs, du casting! J’ai adoré. C’est pour moi le meilleur rôle qu’a endossé Whitaker, et il le fait bien. Il est poignant, naif, de bonne volonté, mêle la dureté et la sensibilité sans être noeud-noeud et c’est ça qui peut faire lacher des larmes à la fin. Oprah quant à elle, je n’ai pas grand chose à en dire, à part qu’elle joue bien la femme perdue et brisée qui noie sa colère contre son homme et la vie dans l’alcool. J’ai aimé voir évoluer David Oyelowo, mais pas à partir du début. Je dis ça parce que les gros plans appuyés sur lui lorsque tous font la fête, et qu’il tire une tronche de 25 mètre en tentant de feindre la peine et le dégoût… non. C’était quelque chose de purement et simplement moche. Oui on veut nous faire comprendre que tout va dégénérer à cause de lui, mais il y a des façons très subtiles de le faire, et je préfère de loin le subtil lorsqu’il s’agit de faire penser quelque chose au sujet de la suite d’un film. Nous poser la Grande Muraille de Chine devant le nez pour nous faire comprendre qu’on va se bouffer un mur, très peu pour moi. Cependant, j’ai aimé le voir commencer à s’éprendre pour une pauvre pouffiasse violente et mal polie (Et je mentionnerai plus le fait qu’elle rote à table plutôt qu’elle est capable de tuer un gars.) Ensuite, on a le défilement des présidents que j’ai apprécié, et surtout Alan Rickman que j’adore.

En ce qui concerne l’histoire en elle-même, on a le droit en effet à une cent-unième histoire sur l’esclavage et la maltraitance des noirs qu’on connait cent fois (et mile, en ce qui me concerne, merci mes profs’ de collège/lycée). On a la sempiternelle phrase "on parle des camps de concentrations, mais personne sait qu’ils existent depuis 200 ans avec les noirs" ou quelque chose comme ça, phrase que je ne peux plus supporter, qui parle des premiers esclaves, les tout premiers ? Ils étaient blancs, et il n’y a pas vingt réalisateurs qui se jette sur le sujet pour autant. Pour le reste, ce qui m’a très largement choqué, et je n’ai mis le doigt dessus qu’après avoir réfléchi à la question: on passe quand même des noirs dans les champs de cotons, à Obama…en DEUX HEURES!!! Elle était donc à cause de ça, cette impression de malaise, lorsque je me disais qu’il manquait quelque chose, "mais quoi?". Mais paradoxalement, il y avait trop, évidemment, le sujet est trop large, vaste et complexe pour pouvoir le couvrir en deux heures de temps (deux heures et demie d’ailleurs, non?), on saute des choses d’un côté, mais de l’autre on s’ennuie parce qu’il y a des moments trop longs, trop larmoyants, trop bouffés par la musique qui essaie non pas de faire couler, mais de vous arracher des larmes des globes oculaires. Et ça ça a tendance à faire l’effet inverse pour moi, en fait. Mais la chose que j’ai trouvé le plus dingue, c’est ellipses temporelle marquées par l’apparition de la calvitie de Cecil. Non. Non je suis désolée mais on fait pas ça. On saute pas 30 ans (oui je peux être un peu marseillaise en disant ça) d’une manière aussi moche! Ni vu ni connu Daniels nous bombarde de fondu enchainés sur le vieillissement de Cécil. Si c’est passé pour beaucoup, pour moi ça n’est pas du tout passé.

Après il y a des choses qui m’ont plu. Par exemple les rappels, le Cécil jeune qui est super content de cirer les chaussures et de donner des gâteaux aux enfants venant visiter la maison blanche, et le vieux blessé et pratiquement déjà enterré par la vie et surtout par son fils, qui ne sait plus réellement sourire en fait, pas même à des enfants heureux de découvrir un lieu aussi immense que l’est la Maison Blanche. Mais aussi le moment où Gloria meurt. Non pas que j’aime voir les personnages souffrir de la mort ou même mourir tout court, mais la délicatesse, l’amour avec lequel il la regarde " Mon amour ça va? Tu t’es endormie?" pas besoin de musique barbante, de hurlements des personnages, de gros plans, ou autre, l’acteur suffit … a me faire chialer OUI J’AI LÂCHÉ MA LARME! Mais une seule. Ensuite il y a également la difficulté du personnage de se retrouver face aux choses directement vis-à-vis de son fils qui agit directement contre la ségrégation, et par son travail, il est face aux problèmes directement. Il est directement faces aux problèmes et aux éventuelles solutions, mais de part la promesse qu’il a faite et dont Gloria parle dès le début, il ne peut rien dire, et rien faire. C’est cette position dans laquelle il se trouve qui a rendu à mes yeux le film intéressant.

En bref, j’ai l’impression, et qu’on me reprenne si je me trompe, que le sujet n’est pas vraiment maitrisé par le réalisateur, et même le scénariste qui est bien sur responsable dans les erreurs que je vois à ce film. tout va trop vite, mais pas assez non plus pour oublier le talent de Whitaker que je trouve éblouissant, et quelques bons choix esthétiques par-ci par-là.
MLJane
7
Écrit par

Créée

le 3 oct. 2013

Critique lue 350 fois

Jane L

Écrit par

Critique lue 350 fois

D'autres avis sur Le Majordome

Le Majordome
drélium
6

34 years a slave

Armé de son charme ricain breveté, The Butler est fait pour verser sa petite larme à emporter, que ça dégouline sur ta joue sans crier gare alors que l'on ne voit que des gros plans de visages...

le 29 avr. 2014

28 j'aime

Le Majordome
Moorhuhn
3

La Soupe à oscars

Recette du films à oscars - Facile à préparer - Budget abordable Commencez d'abord par parler d'une histoire vraie sans prendre de grands risques. Quoi de mieux que de parler de la...

le 7 oct. 2013

28 j'aime

4

Le Majordome
hugovanmalle
8

Critique de Le Majordome par hugovanmalle

Je n'avais ni vu l'affiche, ni ne savais de quoi parlait le film. On m'y a entraîné et c'est une bonne chose, j'ai regardé le film comme il se déroulait sous mes yeux et j'en suis sorti en me disant...

le 12 sept. 2013

28 j'aime

Du même critique

Jamais le premier soir
MLJane
6

"Tu ressembles à un poney..."

J'ai lu beaucoup de critiques sur ce film, la plus grande majorité étant des critiques négatives. Et il est bien rare que je ne retrouve pas un peu de mon point de vu ici et là. Je vais donc...

le 16 janv. 2014

3 j'aime

Mes jours de gloire
MLJane
5

L'homme enfant aux puces de lit.

Un homme enfant qui galère a poursuivre ses rêves, se voile la face, retourne chez maman, fume, boit, dort. C'est un film simple, d'un échantillon simple de vie, joué par un excellent acteur qui fait...

le 26 févr. 2020

1 j'aime