Les présidents américains sont tous des bisounours.

Ce film m'a eu par les diverses émotions qu'il provoque, Lee Daniels aime jouer sur la corde sensible, c'était déjà le cas avec "Precious", sauf que c'était lourd, très lourd et à la fin, j'avais juste envie de me pendre. Pas à la fin de celui-ci, sauf qu'il y a aussi beaucoup de choses à dire dessus, et pas des plus positives malgré un avis positif au final.

Dès la première scène, j'ai eu la gorge nouée et l'envie d'aller éclaté un skinhead pour compenser la rage que j'avais face aux images. Lee Daniels attaque fort, trop fort même, j'appelle cela "une prise d'otage émotionnelle", c'est assez puant, j'apprécie pas du tout mais je ressens quelque chose, troublant et énervant.
La vie de ce majordome dont Forest Withaker donne vie, sans sortir une performance exceptionelle, une cure d'amaigrissement, un œil mi-clos, une démarche bancale et hop, ça crie à l'oscar, toujours entrain de s'emballer pour un rien les critiques.
Ce dernier, n'est pas vraiment le personnage principal, c'est plutôt son fils, l’aîné David Oyelowo, celui qui prend conscience de la situation de l'homme noir dans la société américaine, laissant sa vie tranquille à Washington pour retourner dans le sud natal et profondément raciste de son père. C'est son parcours qui est intéressant, avec les scènes fortes dans le restaurant puis le bus, alors que son père sert divers présidents dont on s'amuse plus à reconnaître ceux qui les interprètent : Robin Williams (bien), Liev Schreiber (très bien), John Cusack (moyen), James Mardsen (mauvais) et Alan Rickman méconnaissable.

Les petites notes d'humour aide à souffler un peu, tout comme les performances de Cuba Gooding Jr; dont ça faisait depuis très longtemps que je ne l'avais pas vu aussi bon; Lenny Kravitz et Clarence Williams III, le casting aussi permet de mieux apprécier le film.
Le problème, c'est de survoler autant de décennies en faisant presque passé Ronald Reagan pour un type trop sympa, de faire dire à Martin Luther King que le majordome est un acteur essentiel dans l'émancipation des noirs (j'ai failli gerbé), de faire vite fait référence à Malcom X, tout en stigmatisant les Black Panthers et oubliant l'existence d'Angela Davis, Huey P. Newton ou encore Stokely Carmichael. Et pire encore, pas un mot sur Rosa Parks, si encore le réalisateur était un blanc ou autre, qui aurait dormi durant les cours abordant l'histoire afro-américaine, je comprendrais. Sauf que ce n'est pas le cas de Lee Daniels, qui occulte tellement d'éléments importants, que j'ai eu l'impression de voir "Miss Daisy et son chauffeur 2".
Pire encore, Spike Lee qui crache sur le "Django unchained" de Quentin Tarantino pour utilisation abusive du mot "Nigger", ne dit rien sur ce film, il choisit ses pseudos combats.

Autre point très négatif, Oprah Winfrey. Lee Daniels est un mauvais réalisateur; l'impression de voir un téléfilm; il est nul en histoire, mais il a ses connexions "people", Lenny Kravitz et Mariah Carey font parti, depuis "Precious", de sa cour.
Oprah Winfrey en fait désormais parti et se voit offrir un grand rôle, à la mesure de son non-talent, une plaie, insupportable, elle cabotine, elle est énervante. Elle en rajoute avec son amour pour Barack Obama, enfin un noir président, mettons des fanions de lui partout, habillons toute la maison, une belle publicité pour un président tout aussi mauvais que ses prédécesseurs, sauf que c'est un ami, totalement pas objectif, puant.

Malgré autant de puanteurs, de raccourcis ou oublis historiques, le film tient le route et il est encore mieux, si on met son cerveau en "off", en se laissant porté par cette biographie aseptisée, ce que je ne sais pas souvent faire.
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le 30 oct. 2013

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Laurent Doe

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