Affronter le système ou le faire évoluer de l'intérieur?

Cecil Gaines est un homme noir, né aux USA dans les '20, au temps de l'esclavage. Après l'assassinat de son père par un homme blanc dans la plantation où il travaille, une vieille femme, probablement la propriétaire des lieux, décide de prendre le jeune Cecil au service domestique dans la maison, d'en faire un « nègre de maison ». Mais, vers l'âge de 20ans, comprenant qu'il ne ferait pas long feu, Cecil décide de s'enfuir. Il trouve du travail en tant que serveur noir dans un hôtel où il rencontre sa femme, Gloria. Ensemble, ils ont deux enfants Louis et Charlie. Un jour, il est appelé pour travailler à la Maison Blanche en tant que majordome, un poste très rarement disponible. Il y restera de 1952 à 1986 (merci wiki) soit 34 ans.

Le film va ensuite montrer tous les événements historiques qui concernent la lutte pour l'émancipation des personnes noires aux USA. L'intérêt de ce film est que ces événements vont être montrés du point de vue de Cecil Gaines, c'est-à-dire non seulement du point de vue du majordome de la Maison Blanche (on vit donc les événements de l'intérieur) mais aussi du point de vue d'un homme noir, père de famille. S'il est le narrateur de l'histoire, Cecil n'est pas le seul personnage du film. L'histoire de Cecil est en fait marquée par la trajectoire de ses enfants, dont les destins vont épouser l'Histoire des USA

L'histoire de cette famille est alors profondément liée à celle des USA. On y voit alors comment les histoires individuelles se retrouvent mêlées à la grande Histoire.

J'ai trouvé le film assez bien monté car plusieurs histoires s'entrelacent et toutes sont intéressantes et apportent quelque chose au récit central, la vie de Cecil Gaines. Cependant, concernant la façon de filmer, il est vrai que les scènes du couple Gaines font un peu penser à des séquences de téléfilm. C'est peut-être du au fait qu'elles se déroulent toujours en intérieur avec une atmosphère qui rappelle un peu celle des feux de l'amour (ça passe donc assez mal).

L'un des points intéressants du film est l'opposition entre Cecil et son fils ainé, Louis. Tandis que le premier se bat physiquement contre le système américain qui oppresse les noirs américains, le deuxième sert le système en devenant majordome.
Il serait stupide de ne voir dans le personnage de Cecil qu'un homme servile. Cecil mène en fait son combat pour les droits des personnes noires. C'est ce qu'il dit lui-même : en servant les blancs, il veut montrer que les noirs peuvent être dignes de confiance. Ainsi, les blancs ne se méfieront plus et laisseront les noirs devenir leurs égaux. Et les premiers présidents que Cecil sert (Eisenhauer et Kennedy) lui donnent raison (Kennedy va faire passer un décret pour que des étudiants noirs puissent aller à l'école -little rock- et Eisenhauer va également se mouiller).
Cependant, Louis voit les choses différemment. Tandis que son père veut faire changer les choses de l'intérieur, lui veut les faire changer de l'extérieur et de façon plus rapide, plus franche. Il va affronter le système, en participant à des actions de résistance et de protestations pacifiques. Mais la haine engendrant la haine, après de nombreux séjours en prison, Louis va participer à la fondation des Black Panthers. Malgré leurs différences d'approche, les deux luttent en fait pour la même chose, l'amélioration du sort des personnes noires en Amérique.
Les trajectoires du pères et du fils vont toutefois se rencontrer à la fin du film.

Enfin, le casting est également intéressant. A côté du couple Forest Whitaker et Oprah Winfrey, on trouve des acteurs très connus comme Robin Williams et Alan Rickman (Rogue) ainsi que des noms de célébrités qui ne sont pas du milieu du cinéma, Mariah Carey, Lenny Kravitz. On se serait presque attendu à voir Obama à la fin.