Normalement, l'utilisation du juron anglais "f*ck" dans un cadre sexuel vaut à un film d'être Restricted (R), or My Best Friend's Wedding est PG-13. Si je mentionne ce détail, c'est qu'il détonne dans l'histoire et nous fait lever le cil ; non qu'on en ait besoin pour éviter de dormir devant, d'ailleurs ! Mais je trouve que c'est la parfaite illustration des petites trahisons peuplant le film, ces piques inattendues qui déversent presque involontairement leur humour et maintiennent nos paupières grandes ouvertes.
Je parle de scènes toutes bêtes, où la prévisibilité inévitable de personnages faits pour qu'on s'y attache ne laisse absolument pas prévoir le micro-rebondissement qu'elles abritent. À croire que "jouer", dans l'idée de P.J. Hogan, c'est être honnête même dans la fausseté. Une crédibilité-ception à laquelle se prête excellement Julia Roberts, mais Rupert Everett encore plus, dans son rôle sur mesure d'ami homo manucuré modeste et marrant ! Il campe l'amitié dans une œuvre où l'amitié a dressé le camp, alimenté par un texte des plus admirables et même par des cascades – elles tiennent plus de l'Hudson que de Niagara, mais elles ont le mérite d'être là et de perler l'histoire de leurs drôles éclaboussures.
En résumé, une comédie romantique qui sait où situer sa douceur, rococo sans en faire trop, vaudeville mais sans forçage, et un peu insolente dans les interprétations peu orthodoxes vers lesquelles elle nous guide... Un regret cependant, la volonté qui a taillé dans Roberts un personnage « méchant gentil » plutôt que « gentil méchant », un personnage dont les travers sont un peu trop graves pour être excusés par la fiction. Et puis Cameron Diaz, quoique pétillante, est une potiche plus qu'elle ne passe pour telle. Sans doute de quoi déboussoler les vrais romantiques, mais un bon rafraîchissement pour le cinéphile comme – j'en suis sûr – pour bien d'autres.
Quantième Art