Succès du premier opus oblige, Steven Spielberg revient avec la suite de Jurassic Park : Le monde perdu, inspiré du célèbre livre d’Arthur Conan Doyle, sorti en 1912. Véritable spécialiste en matière de sagas comme la franchise des Indiana Jones, Spielberg se lance dans une nouvelle franchise. Exit les plans contemplatifs, exit une partie du casting original, exit l’ambiance immersive, bonjour le film d’action avec pleins de dinosaures poursuivit par des vilains chasseurs embauchés par InGen, le tout accompagné par le retour surprise de Ian Malcolm, encore sous le choc de sa dernière aventure. Prenez votre sac à dos, on part cette fois sur Isla Sorna…


La surprise n’est plus au rendez-vous ?!


Après le visionnage de Jurassic Park, le niveau d’excitation était à un haut degré pour sa suite. Malheureusement, les salles étant toutes complètes à l’époque (je me souviens encore de la file d’attente s’étalant sur toute la rue du cinéma Paramount opéra à Paris), il aura fallut attendre la sortie en VHS pour voir enfin si la magie opérait toujours. Et en la voyant, l’effet, la réaction, l’émotion, ont été différentes. Tout simplement parce qu’on s’attend à quelque chose qui n’arrivera pas.


La suite voulant faire mieux que l’original vous connaissez bien ? Vous connaissez les réalisateurs un peu trop confiants parce que l’épisode précédent a été couronné de succès ? Pour le Monde perdu c’est exactement ce que vous retrouverez. Il y aura du bon, il y aura du moins bon et au moins UN effet de surprise plutôt choquant pour l’époque : une adorable gamine qui se fait becter par des petits Compsognathus dont elle offrait généreusement une moitié de son gouter. Les ingrats mal élevés ! Le Monde perdu mettra surtout l’accent sur l’action. Comme pour Jurassic Park, Spielberg continue de dénoncer l’exploitation de la nature par l’homme. Ca diffèrera légèrement du caractère très scientifique complexe et philosophique de JP, et pourtant c’est similaire parce que cette fois, on évolue dans la jungle et qu’on a du braconnage s’ajoutant à ce que l’on a déjà pu voir précédemment.


La musique de John Williams fait son come back et fait toujours son petit effet. Le compositeur ne reprendra pas bêtement les partitions du film précédent, il créé de nouveaux morceaux, collant à l’aspect sauvage, aventurier de ce deuxième épisode. Moins contemplatif, moins philosophique, moins spectaculaire, plus d’aventure, plus d’humour, plus de dinosaures, de successions de scènes catastrophes, et de personnages, cette suite sera différente de son homologue. Dans Le monde perdu, vous ferez la connaissance d’une multitude de personnages principaux et secondaires. En avoir plein c’est bien, en avoir des bien structurés avec une psychologie travaillée c’est mieux, et ça donne encore plus envie de suivre leurs aventures, de flipper pour eux. Hélas c’est un premier point portant préjudice à cette suite. Et il commence par le personnage de Sarah (interprétée pourtant par la ravissante Julianne Moore), la fiancée de Ian Malcolm.


Qui se soucie de Sarah ? On ne nous la présente pas, on ne nous la montre pas en photo et quand on la verra, ça sera comme de retomber par hasard sur une amie qu’on venait de quitter 1heure plus tôt. Comment accompagner l’anxiété de Malcolm en début de film ? Et si ce n’était le seul problème avec ce personnage, ça irait mais NON. Dès les retrouvailles, et même tout le long du film, la relation entre Sarah et Malcolm est froide, passive. Ils sont vraiment en couple ces deux là ? Ok Sarah est affichée comme une femme forte et indépendante, tout comme son fiancé mais quand même ! Pas de gestes doux et attentionnés…RIEN ALORS QU’ILS SONT FACE A UNE MORT POSSIBLE ?! On a du mal à reconnaitre le Spielberg empathique. C’est bien un des plus gros soucis de ce Monde perdu : le manque de profondeur, de charisme et d’implication des personnages (qui soit dit en passant n’arrêtent pas de parler tous en même temps).


Hormis Ian, Eddie, et Nick, le casting est trop léger (je rappelle juste qu’on avait quand même Sam Neill, Laura Dern, Wayne Knight, Bob Peck et Samuel L.Jackson dans le un). Je mets juste de coté Peter Stormare et ce sympathique chasseur bad ass obsédé par l’idée de capturer un T-Rex joué par Pete Postlethwaite ( Postethwaite joue le chasseur hein, pas le T-Rex). Comme pour Jurassic Park, Spielberg oblige, le film doit s’accompagner d’un enfant en temps que protagoniste. On en avait deux dans le un, on aura qu’un de celui-ci, et c’est pas plus mal compte tenu de ce qu’il nous attend. Certains hurlaient sur Tim et Lex dans Jurassic Park…attendez un peu de voir Kelly, la fille de Ian (Heu…il en avait pas trois ?). Le boulet par excellence. La déception du casting n’en restera pas là.


Ian Malcolm, qu’on prend plaisir à retrouver, a perdu son look de star du rock en plus de perdre sa fougue, pire il est devenu aigri, lessivé (vu ce qu’il a vécu dans le un c’est normal). Toujours aussi cynique, toujours pessimiste MAIS réaliste, il n’a malgré tout pas perdu sa répartie, gagnant même en sagesse. De par l’expérience qu’il a vécut quatre ans auparavant, Ian utilisera son savoir afin d’éviter aux autres de reproduire les mêmes erreurs. Oui, le Ian Malcolm survolté de Jurassic Park était plus intéressant mais on est content de le revoir, de le voir cette fois en plein action. C’est grâce à lui si le film n’est pas à rejeter.



« Sortir des dinosaures de cette île est la pire idée, dans la longue
et triste histoire des mauvaises idées, et je vais être là quand vous
la prendrez ! »



Bonne suite, seulement par nostalgie


Le monde perdu se détache totalement du premier et, même si on retrouvera presque le même acheminement que dans Jurassic Park (l’arrivée sur l’ile des dinos, l’émerveillement avec la découverte du troupeau de Brachiosaure et d’un bébé en animatronique troooop mignon, la partie chasse dévoilant la liste de dinosaures que l’on va retrouver dans cette intrigue, de la catastrophe avec l’attaque du T-Rex, et la tentative fuite de l’ile), cet opus prendra une toute autre direction. Artistiquement ça va, scénaristiquement, ça fâche, et c’est un autre souci du Monde perdu : son scénario. Ca sent l’histoire tirée en longueur tentant de faire durer un maximum le plaisir. Du coup, ça se ressent, et ça nous donne la sensation de voir deux films en un. Mais le simple fait de voir les dinosaures évoluer en milieu naturel et en apprendre plus sur les travaux d’InGen, suffit à passionner.



« C'est magnifique... - Oh oui. "Ouh !", "Ah !" Ca commence toujours
comme ça. Et puis après y'a des "sauve qui peut", et puis y'a des
hurlements... »



Les points positifs à retenir:
• Une nouvelle ile avec des dinosaures évoluant sans clôtures,
Atmosphère sombre contrairement aux couleurs pétantes du parc de JP,
• Cette idée sympathique et originale de Spielberg d’adopter un style documentaire à certaines séquences,
• Le célèbre Spielberg face qui capture à chaque fois l’étonnement des personnages, (ha ce bon vieux traveling) ainsi que le travail sur les transitions (juste l’enchainement entre la mère de la gamine qui c’est fait becter et Ian Malcolm en train de bailler dans le métro),
• La scène dans les hautes herbes avec les raptors. LA meilleure scène du film,
Du plan symbolique (de ce coté, Spielberg il veut vous en offrir pour votre argent),
Retrouver avec plaisir Tim, Lex et Hammond le temps de 5petites minutes,
• Tout comme retrouver Ian Malcolm officiant comme personnage principal,
Plein de nouvelles espèces de dinosaures comme le pachi, pacha euh ... merde ... le gros lard au crâne tondu... frère tuck! ,
Le combo numérique/animatronique, les effets spéciaux (ça envoyait du lourd pour les années 90),
Les clins d’œil cinématographique comme la séquence du vidéo club où l’on voit les affiches de films inexistants (King Lear avec Schwarzy, Jack and the beanstalk avec Robin Williams),
Le travail sur la lumière histoire renforcer la menace que représente les dinos,
Quelques séquences mémorables (l’attaque de la caravane, le plan séquence immersif de la cascade),
• Le joli message écologiste.


Les points négatifs à retenir:
• Manque de tension et d’horreur,
• Moins contemplatif,
• Manque d’immersion, d’émotion et de rêve,
• Manque de personnages charismatiques,
• Plus tourné vers l’action que la réflexion,
• Trop divertissement familial,
Ennuyeux à plusieurs reprises,
• Personnages trop clichés,
• La démonstration de gymnastique à la barre de Kelly qui repousse un raptor plus bête que ces pattes,
Surenchère dans les scènes d’action. La palme revenant à la troisième partie digne d’un film de Godzilla ou hommage à King Kong, à vous de voir,
Incohérences (ex : les gens qui arrivent à échapper aux griffes des T-Rex) et choix stupides des personnages (ex : Nick qui secours le bébé T-Rex et qui le cache dans sa caravane).


Au final, ne cherchez pas, Le monde perdu n’égalera pas Jurassic Park, tout simplement parce que le premier était une surprise totale. Cette suite n’est pas mauvaise pour autant, elle est indispensable pour les fans de Jurassic Park et de dinosaures mais on s’y investit moins. Exit Sam Neil et Laura Dern, mais rebonjour Jeff Goldblum qui porte à lui tout seul ce nouvel épisode. Le coté magique et excitant de JP laisse place à un film plus noir et plus sombre en le faisant gagner en action. Le monde perdu garde l’esprit de l’univers, tout en y apportant une nouvelle petite touche personnelle l’empêchant d’être un copier coller du un et ça, c’est plutôt rare pour une suite.

Jay77
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le 7 mai 2017

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Jay77

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