Le monde fantastique de Disney

J’ai cherché à aller voir ce film avant tout pour savoir à quoi correspond le conte du magicien d’Oz. N’ayant pas vu le film sorti en 1939, je me disais que ce film-ci, qui en constitue la préquelle, me permettrait de savoir rapidement si ce genre d’univers me convenait. Et cette fois-ci, ce très populaire conte fantastique familial revient à Disney et à Sam Raimi pour la réalisation.

Si le film n’est ni le meilleur de Disney, ni le meilleur de Sam Raimi (ni même le meilleur de James Franco), il marque malgré tout une réalisation nettement plus travaillée que la grande majorité des films de la firme aux grandes oreilles de ces dernières années. Dès le début, toute la première partie du film en noir et blanc et 4/3 prouve le retour aux sources de Disney et le respect recherché à l’œuvre de Victor Fleming. D’ailleurs le passage en couleurs à partir du moment exact où l’on entre dans le monde fantastique d’Oz permet littéralement au spectateur de se sentir projeté, immergé dans ce nouveau monde fantastique et fabuleux très chatoyant aux couleurs vives. En ce sens, l’imagerie du « Monde fantastique d’Oz » ne sera pas sans nous rappeler le pays merveilleux d’une certaine Alice. Sans oublier des éléments référence, typiques de Disney, comme la pomme empoisonnée, des nains (Munchkins), des sorcières, des créatures fantastiques mais pas épiques (comprendre pas des trolls/gobelins/elfes/dragons etc). Mais j’imagine que c’est un peu ça aussi le monde d’Oz, un mélange bien servi des célèbres productions Disney (Ou devrais-je dire que Disney doit sûrement une grande partie de son inspiration au roman de Frank Baum). Enfin bref, si l’on devait dire ce que l’on attend d’un Disney, on répondrait sûrement « Le Magicien d’Oz ».
Cette production est d’autant plus intéressante que l’alliance entre le monde Disney et l’univers un peu particulier de Sam Raimi restitue très bien la magie que le roman semble vouloir offrir. Cette adaptation est un subtil mélange entre la fantaisie visuelle que Disney rend au monde fantastique d’Oz et la poésie esthétique joyeusement sombre de Sam Raimi. Cette légère névrose psychotique que l’on ressent quelques fois dans ses films, très certainement renforcée par la musique particulièrement sublime de Danny Elfman, compositeur attitré de Tim Burton, réputé lui-même pour son univers extrêmement singulier.

Au-delà de ça, l’histoire est bateau. Un incapable se retrouve dans un univers inconnu dirigé par une prophétie qui annonçait sa venue. Les méchants le trouvent en premiers et lui font attaquer la gentille en lui disant qu’elle est méchante, mais la gentille le raisonne juste à temps, il change de camp et comme il n’a pas de pouvoir, puisera dans son cœur afin de vaincre ses ennemis. Schéma narratif connu, c’est donc bien sur la réalisation qu’il faut s’intéresser. Et à ce propos, il faut avouer que la 3D est très acceptable. Pas nécessairement utile même si bienvenue puisque l’essentiel du film est offert par le visuel. Sans être indispensable elle a largement accentué la beauté des effets visuels du film et les profondeurs de champs s’en voyaient fortement améliorées.

Au final même si le film s’en sort bien, que la réalisation est très soignée et que l’œuvre semble être respectée, on ne s’en souviendra pas comme un évènement marquant du cinéma, mais c’est un film à voir, et je dis bien à voir.
Et puis bon, un film où les sorcières s’appellent Glinda, Théodora et Evanora et où il n’y a pas une seule sorcière dénommée « Nymphadora », juste Nymphadora, franchement, c’est décevant.

En fin de compte j’ai ma réponse, un très beau film, une réalisation impeccable, mais un univers qui manifestement ne me correspond pas. J’ai malgré tout passé un bon moment, Sam Raimi reste un très bon réalisateur qui sait gérer ses films et s’adapte plutôt bien aux genres qu’on lui demande. Mais ici vous aurez à faire à un film entièrement estampillé Disney, un bon Disney certes, mais un vrai Disney.
Maintenant, vous savez tout.