J'adore Malick. Mais je ne compte plus le nombre de personnes qui m'ont détestées parce que je les ai convaincus de voir un de ses films... Alors j'arrête d'essayer de convaincre, il faut se faire une raison: Malick ce n'est pas pour tout le monde. Mais pour ceux qui rentrent dans son univers, alors ça devient simplement magique.
Pour ma part c'est avec ce film que j'ai découvert son cinéma. Et je me souviens qu'à l'époque, en sortant du cinéma, ce film m'avait retourné le cerveau. Je n'avais jamais rien vu de tel: une association unique entre poésie, nature, contemplation, musique...
Mais maintenant que j'ai vu tous ces films, je le place un cran en-dessous de Tree of Life (bien plus ambitieux sur les champs couverts) et de la ligne rouge (pour moi plus intense emotionellement).
Car sur papier, le film est assez simple, c'est la rencontre de deux mondes, à travers deux êtres que sont John Smith et Pocahontas. On y voit la presque perfection de la communcauté indienne (reconstruction quasi-documentaire des modes de vie de l'époque), face à la décadence des colons. Mais on y voit aussi une certaine forme de beauté dans la maîtrise des techniques de l'Angleterre de l'époque.
Du point de vue des sentiments, au delà de la belle histoire d'amour, on vit la façon dont Pocahontas est "pervertie" par son amour et on voit comment John est tiraillé dans sa quête personnelle: poursuivre le Bien ou son propre bien?
Voilà ce qui m'empêche de lui mettre une meilleure note: c'est certes un grand Malick tant l'histoire lui sied, en lui permettant de filmer l'homme intégré dans la nature de manière très poétique; mais les champs couverst sont assez restreints ou personnels et il n'y a pas ce coté transcendental qu'on retrouvera dans Tree of Life.
Si on compare Malick à un Mozart du cinéma, ce film n'est pas son Requiem, c'est plutôt son concerto pour piano n°23 (c'est à dire moins ambitieux mais néanmoins magnifique) :)