Il est clair que l'ambition cinématographique de Terrence Malick ne fait pas l'unanimité (en témoignent les moyennes de ses films qui peinent souvent à dépasser les 6.5/10 sur SC). Avec Le Nouveau Monde, il tente pourtant de renouer avec le public en s'appropriant l'histoire de Pocahontas.
Hors on est ici bien loin du cliché lassant du Capitaine Smith. Terrence Malick signe d'une part une réalisation époustouflante (on ne peut vraiment dire qu'il ait déjà pêché sur ce point) mais surtout la narration poussée du rapport des amérindiens avec l'idée de « Nation ». C'est pourquoi Le Nouveau Monde est vraiment « nouveau », puisqu'il propose une version réinterprétée des amérindiens qui ne sont pas de simples sauvages mais dont le fonctionnement est comparable à celui d'une société civilisée. Cette idée du patriarchisme va d'ailleurs être la notion centrale de ce film, où l'on constate l'effet de la normalisation sur un individu étranger (Pocahontas) au système occidental. On peut considérer le film comme un réel drame tant le scénario n'est que la longue perdition de Pocahontas, passant d'un environnement fort de sens (la nature amérindienne) à la Cour d'Angleterre où tout n'est qu'apparence. Les scènes de fin avec la visite du Capitaine Smith sont en ce sens la confirmation que Pocahontas n'est plus...
En fait, Malick ne se contente pas de conter l'histoire de Pocahontas en développant une histoire d'amour mielleuse mais plutôt en montrant entre Pocahontas - « l'espiègle » et John Smith le lien d'amitié au sens fort. Il délaisse les aspects faibles du conte de Pocahontas pour se concentrer sur le sens profond d'une telle histoire, mettant en avant les idées telles que l'amitié, le rite, la nature et même la tolérance.
Finalement, si ce film et l'œuvre de T.M. d'un point de vue général sont source de critiques diamétralement opposés, peut-être est-ce le signe qu'il est un réalisateur aux fortes convictions, qui n'hésite pas à faire part de sa vision du monde nonobstant l'avis du grand public. Se posant des questions comme : « qu'est-ce que l'homme ? », « qu'est-ce que la vie ? », Terrence Malick ne dialogue certainement pas avec un public qui considère le cinéma comme un divertissement, mais tel est le trait d'un grand réalisateur. C'est pourquoi l'on peut se permettre de considérer les films de Malick avec autant d'estime que ceux des réalisateurs comme Kurosawa (du moins au niveau poétique et philosophique).