7 ans après l’avoir découvert au cinéma, je viens enfin de visionner le film en Blu-ray dans sa version longue (2 h 52 au lieu de 2 h 15) et ça demeure encore une fois un émerveillement : plus étoffé, plus ample et toujours aussi fort, sinon plus !

Avec « Le Nouveau Monde », Terrence Malick signait en 2005 une épopée mystique, magique et poétique, entretenant une belle continuité avec « La Ligne rouge », tout en poussant son travail un peu plus loin. Ce film nous retourne alors et chamboule notre cœur, la majesté des images entrant en résonance avec les mots pour nous procurer des sensations indicibles. Malick transcende tout simplement le cinéma pour faire naître véritablement de la magie hors de l’écran, nous enveloppant dans cette expérience sensorielle, époustouflante et fascinante, nourri d’un montage musical, instinctif, qui coule comme l’eau d’une rivière, et doté de voix off envoûtantes qui nous font partager les sentiments profonds des principaux protagonistes, nous donnant ainsi un accès direct à leurs pensées, le tout pour un résultat hypnotisant de beauté, épuisant de puissance visuelle, et j’ai d’ailleurs plusieurs fois eu les larmes aux yeux devant tant de magnificence. Le cinéma de Malick apaise les âmes, guérit les blessures existentielles, lave des saletés crasses qui obscurcissent l’esprit et parvient à créer l’osmose parfaite avec son public, du moins pour ceux qui seront prêt à accueillir ce film en leur sein. En effet, l’expérience ne pourra pas plaire à certains, tout le monde n’étant pas assez mûr pour accepter ce cadeau fait par le réalisateur, pouvoir parvenir à rentrer dans le film et explorer ce « Nouveau Monde », mais tant pis pour les philistins, le chemin menant à ce paradis cinématographique ne sera que pour ceux qui se seront laissés emporter.

Mise en scène épurée, photo somptueuse marquant la première collaboration du cinéaste avec le talentueux Emmanuel Lubezki, magnifique musique de James Horner, bande-son sensitive et authentique, peuplée de chants d’oiseaux et autres bruits de la nature, Terrence Malick filme comme personne les arbres, l’eau, les animaux, l’orage, le vent, les regards, les gestes, dans un style contemplatif qui n’est jamais source d’ennui. Il livre de cette manière une fresque romantique qui touche au sublime sans jamais tomber dans l’eau de rose, dépeint le choc des civilisations, la naissance d’une nation, le tout représenté avec un réalisme ethnologique et historique rarement atteint.

Côté interprétation, les acteurs s’abandonnent complètement aux mains du cinéaste. On retrouve ainsi un Colin Farrell emprunt d’humilité, laissant son arrogance juvénile au vestiaire, comme si la personnalité de Malick avait déteint sur lui. Un Christian Bale fabuleux de justesse, dont le personnage n’intervient que dans la 3ème partie du film. Et surtout, louons la révélation Q’orianka Kilcher dans le rôle de Pocahontas, nymphe au charme aérien, éblouissante de bonté en princesse native, aussi bien sensible que sensuelle, de ce paradis bientôt perdu, elle est un ange de pureté, une sainte.

Entre l’arrivée surnaturelle des vaisseaux britanniques sur « L’Or du Rhin » de Wagner au début et l’extraordinaire et bouleversant quart d’heure final qui fait s’entrechoquer tous les sentiments pour faire vibrer notre âme jusqu’à l’extase, « Le Nouveau Monde » est tout simplement l’un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir.

Une ode à la vie. Une ode à la nature. Une ode à l'amour. Un film en état de grâce. Le nouveau monde, c’est l’autre. Découvrir l’autre, c’est se découvrir à soi-même. Le nouveau monde, c’est l’amour. Chef-d’œuvre.

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le 14 sept. 2013

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