Après l’immense succès critique et commercial du premier film en 1972, Francis Ford Coppola et Mario Puzo décidèrent de raconter la suite de l’histoire de la famille Corleone. Premier film dans l’histoire du cinéma à se présenter comme la suite directe d’une œuvre antérieure dans son titre, Le Parrain, 2ème partie fait partie du cercle très fermé des suites réussissant à égaler voire surpasser le film original.
Comment faire la suite d’un chef-d’œuvre ? En livrant un autre chef-d’œuvre, plus dense, plus torturé et encore plus passionnant. Sorti en 1974, Le Parrain, 2ème partie est en effet un film encore plus ambitieux que son prédécesseur puisqu’il transpose à l’écran ce qui n’avait pas été intégré dans l’histoire du premier film et qui était pourtant présent dans le best-seller de Mario Puzo : la jeunesse de Vito Corleone. En décidant de raconter la jeunesse du personnage campé par Marlon Brando, Francis Ford Coppola et Mario Puzo confère au film une ampleur sans précédent. Nous avons littéralement un film dans le film, où le réalisateur nous entraîne, avec de longues scènes de flashbacks, dans l’histoire et la genèse de ce personnage iconique qu’est Vito Corleone.
Nous explorons ainsi le départ de Vito, alors encore enfant, de sa Sicile natale pour immigrer à New York en 1901 jusqu’à son ascension dans la société américaine de l’époque avant qu’il ne retourne dans son pays natal pour assouvir une vengeance personnelle. Passionnante histoire que celle de Vito et celle-ci apporte au film de Coppola une ampleur épique et dramatique, presque émouvante, en explorant le passé de cette famille sicilienne. Il s’agit probablement de la partie du scénario que je préfère et notamment grâce à la performance d’un jeune Robert De Niro tout simplement bluffant et qui bouffe littéralement l’écran de par sa prestance et son charisme. Récompensé de l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle, Robert De Niro s’imposait à l’époque comme un acteur qui allait compter à Hollywood, jusqu’à devenir la légende que nous connaissons.
Et ensuite, nous avons en parallèle la suite de l’épopée de Michael dans le monde du crime et à la tête de la famille Corleone. Les évènements de cette suite poussent le personnage dans ses retranchements et celui-ci est plus torturé que jamais. Tentatives d’assassinats, complots, trahisons familiales, ennuis avec la justice… notre « héros », toujours interprété par un impressionnant Al Pacino, est plus que jamais mis en difficulté dans sa vie personnelle et ses affaires mafieuses. Le pouvoir rend mauvais et fait commettre des actes aux conséquences dramatiques. Le Parrain, 2ème partie est un film de gangsters très mélancolique où les personnages souffrent plus qu’ils ne connaissent le succès et la réussite. Le plan final (magnifique) sur Al Pacino illustre parfaitement l'immense solitude de son personnage et la culpabilité que celui-ci doit ressentir.
Cette histoire de famille et de mafia est une fois de plus brillamment réalisée par Francis Ford Coppola qui livre une œuvre totale, longue de 3h20, avec des scènes magistrales : l’arrivée à Ellis Island du jeune Vito Corleone, le nouvel an à Cuba, la vengeance de Vito en Sicile, l’assassinat de Fredo, et quelques scènes de transitions magnifiques entre les deux époques avec des fondus enchaînés entre Al Pacino, qui joue le fils, et Robert De Niro, qui joue son père jeune. Tout cela achève de rendre ce Parrain, 2ème partie un véritable monument du Septième art et du film de mafia. La musique magnifique de Nino Rota est encore une fois parfaite, participe à créer de l’émotion et du souffle, tout en renforçant cette ambiance de tragédie familiale sur plusieurs époques. Les morceaux « The Immigrant » et « Remember Vito Andolini » sont d’une beauté indescriptible.
Malgré un succès commercial moins important que le premier film, cette suite d’une qualité exemplaire fut saluée par la critique et récompensée de 5 Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario adapté, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleure musique et Meilleure direction artistique.