Godard est un cinéaste qui nous dit à chaque instant : "Je fais ce que je veux".
Une scène d'espionnage se transforme en jeu burlesque ; un personnage, pourtant poursuivi, trouve une bulle où le temps suspendu l'autorise à penser. Mais parfois, une immersion réaliste et brutale, une piqure de rappel, comme ces longues scènes de torture.
La fameuse phrase prononcée par le personnage principal, "la photographie c'est la vérité. Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde" ne signifie sans doute rien d'autre. La vérité 24 fois par seconde car, à chaque image, la vérité est réinventée, c'est une suite de vérités qui se contredisent.
C'est un film d'amour, un film d'espionnage, un film d'errance, de voyage, c'est simplement un film qui à chaque image (ou séquence) prend une identité nouvelle, comme son personnage principal qui ne sait pas qui il est ni pourquoi il agit comme cela.
C'est cette liberté qui rend les premiers films de Godard toujours plaisants ; on ne prend pas les choses trop au sérieux, les évènements n'ont d'ailleurs que peu de poids ; la distanciation permanente amène cette légèreté. Evidemment, elle empêche aussi l'émergence d'un récit vraisemblable et pousse parfois vers le désintérêt. Il y a aussi ces trop longs monologues qui, il faut bien le dire, alourdissent l'ensemble et noient certains dialogues fulgurants dans un flot de paroles qui nous lasse.