Spiderman Vs Saberthooth : Mat à la Paranoïa

Quand on me dit Échec, je pense 3 choses : ma rupture de l'année, le jeu qui prend poussière dans ma chambre car je suis trop bête pour anticiper et Gregori Kasparov. Quand on me dit Tobey Maguire , je pense la Trilogie de Spider Man de Raimi (qui sont les best quoiqu'on fasse), 3 films que je n'ai pas eu le temps de voir (Brothers, Pur Sang et Gatsby le Magnifique) et ... la bande annonce de Tonnerre sur les Tropiques (sans déconné Iron Man & Spider Man en couple ! ) Quand on me dit Liev Schreiber, je pense Dent de Sabre du film X-Men : Origins Wolverine, les Insurgés avec Daniel Craig et la série Ray Donovan. Quand on me dit ce film, je pense nouvelle vision des joueurs d'Echec et du contexte de Guerre Froide.



Une réalisation de thriller



Ce film est plutôt prenant émotionnellement et sombre, même si bien malgré lui possède des relents à la fois comiques et tragiques. Comiques, par ce que, la paranoïa des personnages (je dis bien "des") est visuellement assez drôles et ridicules... selon nous. Dans le contexte c'est compréhensible. La musique est superbement bien choisie et la caméra donne des aspects sombres digne d'un thriller. Cela dit dans une moindre mesure, il y a des plans assez claires comme il faut. Le réalisateur (qui est le même que cet allégorie scientologue qu'est le Dernier sSamouraï et le plutôt bon film Blood Diamond) utilise habillement les images d'archives et les plans réelles en donnant des aspects qui rappellent un peu Forest Gump. Il utilise aussi au débuts des gros plans. Beaucoup trop de gros plans. Cela est bien pour donner une certaine forme de tension et permet de mieux souligner l'angoisse de Bobby Fisher, notre héro, mais le réalisateur en abuse beaucoup trop au début du film; du coup, son style paraît bien trop superflu à un moment. Et c'est dommage parce qu'il avait bien poser l'ambiance et que c'est cette idée sans doute bonne sur le papier qui ruine un peu la réalisation du premier acte. Quant au personnage, là aussi il y a des soucis. Mais cela ne vient pas vraiment des principaux.



Les joueurs d’Échecs et les autres



Tout d'abord on a Bobby Fisher (joué par Tobey Maguire, le célèbre Spiderman). Il joue plutôt bien le rôle du champion d'échec paranoïaque et névrosé qui devient suffisant et condescendant. Cela dit, sa paranoïa et son désordre mental en même s'explique de part ces origines juives et russes. Il est un personnage auquel on éprouve à la fois de l'empathie pour son coté paranoïaque et du dégoût à cause aussi de son coté paranoïaque. C'est aussi une personne qui rejette quasiment tout : sa famille, une vie sociale équilibrée et plus ou moins sa sœur. Bref, pas un modèle de stabilité.


Face à lui on a Boris Spassky (joué par Leiv Schreiber). Je trouve le personnage assez sous-employé. Ce qui est normal car théoriquement, l'histoire ne se concentre que sur Bobby Fisher. Seulement voilà; plus il gagne en importance et en apparition, plus on le voit souvent et il partage certaines similitudes avec Bobby. J'ignore si on peut qualifier cet état de fait de qualité ou de défaut mais le fait de le voir plus exploiter à la fin du film sans qu'on ne le connaisse pas vraiment est assez troublant. D'autant plus qu'on le voit partager d'étranges tics en même temps et qu'on le présente un peu trop comme étant le "méchant" du film et non le "rival".


Les personnages du prêtre Bill Lombardy (Peter Sarsgaard) et de l'avocat Paul Marshall (Michael Stuhlbarg )sont a peu de chose près le soutient morale et politique. Morale par rapport au prêtre qui est témoin de son évolution et de sa désintégration psychologique et politique pour l'avocat qui voit en lui un moyen pour lesquels les Etats-Unis pourront dominer un jeu dans laquelle ils n'ont visiblement jamais excellé au contraire à l'inverse des russes. Ils devront gérer ses caprices qui se feront de plus en plus extravagants (à croire qu'il est une star du cinéma). J'aime bien le personnage du prêtre dans la mesure où c'est le seul à voir le chaos de son esprit dans le duo, même si l'avocat finira à moins voir l'intérêt politique et plus l'intérêt humain.


Sinon, les autres personnages sont assez anecdotiques. Il y a bien Joan (Lily Rabe) sa sœur qui est la sporadiquement dans tous le film et Dona (Evelyne Brochu) qui ...ne sert pas à grand chose non plus. La famille n’apparaît que très peu mais cela montre vraiment le détachement qu'il éprouve envers ses proches.



Derrière le joueur, l'homme



L'histoire en elle-même est un biopic tout ce qu'il y a de plus classique et qui a la même construction qu'Imitation Game que the Theory of Everything.. Bref, il est raconté à la manière d'un flash-back (cela devient de plus en plus fréquents dans les films !). L'histoire se concentre sur les jeunes années de Bobby Fisher, son ascension et ses rencontres avec les joueurs d'échec et notamment Boris Spassky. A l'inverse des biopics pré-cité, le film ne se concentre que sur Bobby Fischer faisant fi du reste... jusqu'au dernier acte où ils donnent plus d'importance à son rival. Cela fait un peu étrange mais bon ce n'est pas gênant. Le plus gênant est que le film ignore la didactique du jeu d'Echec et fait comme si on le connaissait. Ce n'est pas trop dérangeant, mais quand on voit qu'au début Bobby Fischer enfant s'y connaît beaucoup, on aurait aimé plus d'explication.


Surtout quand, dans le film on nous parle de défense sicilienne ou partie de Karpov


Il n'y a pas d'aspect pédagogique et le réalisateur prend le jeu d'échec comme maîtrisé pour le public. Cela va si on rush les parties d'échecs, mais quand on décrypte plus précisément les parties, on veut bien comprendre pourquoi les alliés s'étonnent du changement de stratégie de Bobby Fisher


Comme quand il commence en utilisant un cavalier plutôt qu'un pion


Oui c'est ce que j'ai trouvé encore plus gênant que la caricature des adversaires russes. Autre chose qui aurait pu donner des explications, l'affiliation de Bobby Fischer à l'Eglise Universelle de Dieu. Le faite que l'histoire se concentre sur lui et passe sous silence ce point est assez surprenant.


On nous le montre écoutant la doctrine de cette secte presque du jour au lendemain


Mais bon, le film nous laisse quand même deviner les origines de sa paranoïa de manière très subtile mais bien maîtrisée. Donc au niveau de l'histoire, c'est un peu inégale mais pas déplaisant. Autre problème du film et qui rejoint le fait que le film n'est pas assez didactique, on ignore tout du style d'ouverture de Fischer. Bref, on est plus immergé dans sa vie "personnelle" que dans sa vie de pratiquant d'échec. Cela est assez dommage quand on sait qu'il est un pro de la "partie espagnole"et que seule "la défense sicilienne" est évoquée dans le film.

Echec et Mat le Film ?



Le film est très intéressant et maîtrisé. Ce n'est pas le meilleur biopic que j'ai vu cette année (le meilleur étant Imitation Game). Mais il n'est pas dénué d'intérêt. Malgré quelques imperfections, il se rattrape par une réalisation correcte, quelques scènes humoristiques suivant un autre œil et donne une vision des joueurs d'échec durant la guerre froide assez inédit. Bon ben il est temps que je m'entraîne au Caro-Kahn ! Et comme le dit Bobby :



Les gens pensent qu'il y a une infinité de coups. Mais il n'y en a qu'un seul car à la fin, il n'y a nulle par où aller.




Addendum



Le titre original est le Pawn Sacrifice qui signifie littéralement, le Sacrifice du Pion, une référence au fait que Bobby est un Pion que sa névrose est en train de guider ?


Version fun de la critique ici

Créée

le 17 sept. 2015

Critique lue 483 fois

Neo Cosmic

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