La douceur et la complexité du quotidien comme dans la rigueur et la simplicité d’un poème japonais.

26 AVRIL 2008

Le Repas est le second film présenté sur le câble il y a quelques années dans le cadre d’un cycle Naruse. Et le commentaire qui suit est donc « d’époque ». C’était une vraie découverte, et le début d’une passion folle pour ce réalisateur. Les remarques stupides, naïves sont surtout dues à mon ignorance (l’usage du Cinémascope dans le cinéma japonais est plutôt grossier), et c’est assez savoureux de les relire aujourd’hui (bien que je sois encore capable d’en raconter de belles — ce serait trop triste autrement).

Je n’avais pas été transcendé par Nuages flottants… Un film qui ressemble pas mal à ce qu’il se faisait à cette époque au Japon. Dans la forme, ça ressemble évidemment à du Kurosawa. Mais dans l’histoire, le thème, l’angle, la manière de présenter la fable, ça ressemble bien plus à du Buñuel ou à du Chabrol (en plus maîtrisé), voire du Ozu si on reste au Japon. Kurosawa avait une manière très occidentale de présenter ses histoires (il adorait les westerns, Tolstoï, Shakespeare…).

Le film ressemble à un autre que j’avais beaucoup apprécié de Buñuel, période mexicaine (Tourments, 1953). La même concision (à la Tourneur) avec rarement des scènes qui font plus de trente secondes, le même thème affreusement banal de problèmes de couple, mais qui justement parce que c’est une chose qui touche tout le monde, atteint l’universel. Là encore, le même plaisir de découvrir, comme avec Buñuel ou d’autres, une société totalement étrangère, avec des coutumes qui même après plusieurs films japonais continuent de marquer. On idéalise souvent une société qu’on découvre au cinéma ; c’est au fond ce qu’on fait classiquement avec la société américaine avec leur film, mais c’est en fait la même chose pour tous les cinémas, toutes les sociétés : comment ne pas être fasciné par la société brésilienne en voyant la Cité de dieu, la société polonaise en regardant le Décalogue de Kieslowski, la société française même, en regardant, par exemple La Double Vie de Véronique de ce même Kieslowski ou l’Esquive, la société autrichienne en regardant Funny Games ou Benny’s Vidéo, la vieille société turque en regardant Amercia America, la société chinoise en regardant Vivre, russe avec Partition inachevée pour piano mécanique, canadienne avec de Beaux Lendemains, indienne avec un film de Satyajit Ray, hong-kongais avec In the Mood for Love


Voir le commentaire complet sur La Saveur des goûts amers : La Saveur et le Repas

À retrouver sur La Saveur des goûts amers :

En rab :

Limguela_Raume
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les Pinaculaires et Mikio Naruse

Créée

le 20 oct. 2023

Critique lue 188 fois

Limguela_Raume

Écrit par

Critique lue 188 fois

D'autres avis sur Le Repas

Le Repas
Camille_H
8

Critique de Le Repas par Camille_H

Un mariage d'amour et le temps qui passe. Setsuko Hara en épouse dévouée, un mari qui lit le journal à table. A la recherche du bonheur, elle part en ville, espérant une vie meilleure. Avant de...

le 11 févr. 2015

7 j'aime

3

Le Repas
Plume231
8

Le mariage est un cercueil !!!

On pourrait résumer la carrière de Naruse par la première partie d'une citation d'un humoriste français "Le Mariage est un cercueil", et ce n'est pas "Le Repas" qui va faire dire le contraire... La...

le 1 avr. 2014

7 j'aime

Le Repas
Electron
7

Les Japonaises et le mariage

Michiyo (Setsuko Hara) est une femme encore relativement jeune, mariée à Hatsunosuké (Ken Uehara), un homme qui travaille dans une banque. Très occupé Hatsunosuké considère sa femme comme l’épouse...

le 4 avr. 2024

5 j'aime

Du même critique

Parasite
Limguela_Raume
9

Amérite

Parasite, c'est un peu Mademoiselle (Park) délivré de son érotisme durassien et se rapprochant à la fois de Molière et de Shakespeare : du sang et des fourberies. Il y a une fable amusante dans...

le 14 juin 2019

7 j'aime

Printemps précoce
Limguela_Raume
9

Saveur précoce

Ozu ou l'incommunicabilité heureuse. Être là et savoir s’en contenter. Comme la triste vitalité d’un saule.Il y a quelque chose de reposant chez Ozu : où sont donc passés les personnages...

le 26 oct. 2023

7 j'aime

Ouvre les yeux
Limguela_Raume
8

Odyssée post-mortem

Pas bien pressé de le voir. Je suis pourtant un grand amateur de son remake avec Tom Cruise… Et j’aurais sans doute inversé l’ordre de préférence si j’avais vu le film d’Alejandro à sa sortie. Son...

le 14 févr. 2022

5 j'aime