En pleine Seconde Guerre mondiale, Igor Gouzenko est muté de son URSS natale au Canada, pour travailler à l'ambassade soviétique à Ottawa. Camarade modèle, Igor est chiffreur, métier en vogue à cette époque où il fallait crypter les communications à l'aide de codes non-informatiques. Rejoint, après quelques semaines en solitaire dans son pays d'accueil, par son épouse Anna, il mène une existence paisible, confortable selon les standards communistes, et discrète. Mais au fil des années, la perspective d'une nouvelle guerre entre les blocs désormais rivaux, amplifiée par l'horreur liée à la bombe atomique, l'amène à se questionner sur sa contribution personnelle à la construction de ce nouvel équilibre de la terreur. C'est qu'Igor vient d'avoir un fils, et se soucie désormais de savoir dans quel monde il le verra grandir. Malgré la stricte compartimentation dont font l'objet les différents services de l'ambassade, et l'obligation de détruire tous les papiers à la fin de chaque journée de travail, il accumule peu à peu des documents permettant prouver l'existence d'un vaste réseau d'espionnage soviétique au Canada...


Le Rideau de fer, film de William Wellman sorti en 1948, raconte l'authentique histoire de ce transfuge soviétique, personnage clé d'une affaire qui fit grand bruit à l'époque (elle eut lieu le 5 septembre 1945) au Canada. La défection de Gouzenko permit de mettre à jour un vaste réseau d'espionnage pro-soviétique impliquant de hauts fonctionnaires canadiens, se solda par de nombreuses arrestations et la mise sous protection du chiffreur et de sa famille - qui vécut le reste de sa vie sous diverses identités, et est considérée comme l'un des éléments déclencheurs de la Guerre froide.


Forcément, c'est un film avec peu, voire pas du tout d'action, donc il ne se passe pas grand-chose et ce n'est guère palpitant, mais c'est intéressant pour le contexte historique. Et puis Dana Andrews interprète très bien ce camarade loyal, rigide, mais finalement séduit par la qualité de vie et la chaleur des Canadiens, et en définitive décidé à changer de camp pour offrir à son enfant un avenir meilleur. On peut juste regretter que le rôle attribué à la toujours très charmante Gene Tierney, celui de l'épouse dévouée, soit réduit à quelques maigres scènes : le duo Andrews-Tierney est nettement mieux mis en valeur dans Laura (1944) ou Mark Dixon, détective (1950) ! Bon, après, ça reste un petit film de propagande, le couplet final sur l'amour de la démocratie nous le rappelle assez bien, mais ça se laisse voir sans problème...

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le 21 avr. 2018

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The Maz

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