Sus aux sceptiques !

On peut s'offusquer à loisir dans le Rite : toujours cette prédétermination psychologique du cinéma américain, une tendance à la psychanalyse de café du commerce, le personnage féminin totalement superflu de la journaliste, les clichés flattant l'égo européen sur l'Américain pourtant éduqué incapable de se passer, à Rome, de son café McDo.

Mais un certain intérêt au bout du compte car le réalisateur, par delà certains effets faciles, tant au niveau sonore que visuel – on frôle parfois la complaisance grand-guignolesque de Black Swan –, n'hésite pas à recourir au sacrifice, dans quelques scènes brutales et dérangeantes, et garde en permanence un œil ironique sur les personnages et les situations.

Alors que la juste moyenne refléterait plutôt l'impression globale, on ajoute un point pour le portrait du père Luca par un Anthony Hopkins en exorciste ailurophile, post-soixante-huitard au langage fleuri et aux pratiques jamais consensuelles, qui donne un bon coup de pied dans la fourmilière, mais aussi pour avoir réussi à capter l'incroyable dualité entre sacré et profane d'une Ville éternelle admirablement filmée.

Dommage que le message délivré in extremis s'oriente clairement en faveur de la foi, car l'ambiguïté jamais pervertie par les épreuves de ce séminariste paumé, très djeun's qui se cherche – un Colin O'Donhogue qu'on trouvera tantôt touchant dans ses hésitations tantôt désespérément couille molle –, y perd beaucoup de sa force. Mais qu'on se rassure, l'hollywoodien a ses limites, et notre héros ne besognera point la journaliste qui lui faisait se « lécher les babines ».