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L'oiseau
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Un jour, j'étais dans une réunion sérieuse
Je m'ennuyais ferme
Quand par une fenêtre restée ouverte
Un oiseau est entré
Il s'est posé délicatement sur mon épaule
Et il s'est mis à me chanter sa chanson
Par magie tout disparu autour de moi
J'étais seul avec l'oiseau
Il chantonnait et j'étais émerveillé.
Au loin toutefois
J'entendais vaguement quelques voix
Puis quelqu'un m'a tiré par la manche
Manque de chance
L'oiseau s'est envolé
Et par la fenêtre s'en est retourné.
Le soir chez moi j'ai aperçu l'oiseau
Il était dans mon jardin
Je lui ai crié : "viens, l'oiseau, viens me chanter ta chanson !"
Lui ai-je fais peur ?
Il s'est envolé et a disparu au loin
Depuis ce jour
Je laisse toujours
Été comme hiver
Une petite lucarne ouverte
Je me dis qu'un jour l'oiseau reviendra
Sur mon épaule il se posera
Et à nouveau il me chantera
Sa petite et douce chanson.
L'espoir me tenaillait
Mais jamais l'oiseau ne revenait
Parfois je croyais le voir
Ce n'était qu'un fantôme
Une brume de l'esprit.
Lassé d'attendre
J'ai tout envoyé promener
Pour chercher l'oiseau
Courir sans cesse
Comme un rat famélique
Qui cherche sa pitance,
Comme un cafard blafard
Qui s'échappe dans la cuisine
Un soir de tristesse.
Sur la route grise
J'ai laissé mes pas me guider
Sans jamais réfléchir.
Ils m'ont conduit en maints endroits
Qui me semblèrent obsédants
Parce que vide de sens, vide de l'oiseau
Toujours je levais les yeux vers le ciel
Que ce soit la nuit ou le jour
Derrière les nuages
Au milieu des étoiles
Je cherchais l'oiseau
Je l'appelais en pleurant : "Oiseau, reviens !"
Je dus me rendre à l'évidence
Bien malgré moi...
L'oiseau n'y était pas
Tu l'avais juste imaginé
Tu pensais qu'il reviendrait
Tu croyais être heureux
Il était un mirage
Un peu d'eau quand tu avais soif
Et tu auras beau le chercher
T'évertuer, te torturer
Il ne reviendra plus.
Alors tu continues de marcher
Même quand tu es fatigué
Sur la longue route grise
Qui s'enfonce irrémédiablement
Au cœur de la nuit.