Evidemment, il est délicat de traiter la question de la tétraplégie sans risquer des fausses notes. L'idée de traiter la question du point de vue du malade est, selon moi, excellente. J'avais vraiment hâte de savoir s'il allait parvenir à retranscrire la colère, la tristesse, le découragement, la douleur morale que tout handicap survenu suite à un accident peut susciter.
Seulement, je suis assez déçue. Les propos intérieurs de Jean-Do ne retranscrivent, selon moi, pas la douleur morale viscérale qui s'imagine facilement. Evidemment il y a des tentatives, mais ce n'est pas vraiment crédible.
Il aurait pu être agréable d'en savoir plus sur tous les personnages qui vont entourer Jean-Do dans sa convalescence, mais il est justement intéressant de ressentir cette frustration, notamment à propos des médecins qui développent quotidiennement des techniques pour l'aider à communiquer, apprendre à avaler, etc. Ces personnages sont très attachants et bien interprétés par leurs acteurs, et l'on aimerait en savoir plus sur leur histoire, mais là est le jeu du soignant et du soigné : c'est une relation inégale, où l'un donne énormément à l'autre, mais où les relations restent, malgré l'attachement, très professionnelles, souvent exclusivement à sens unique.
Par contre, ne pas en savoir plus à propos des femmes que fréquentent Jean-Do n'est pas très confortable pour la compréhension de l'histoire. Ce n'est pas indispensable pour suivre ce qu'il se passe, mais un peu plus de "fond" aurait permis plus d'implication du spectateur.
En soit, là est le problème et la conclusion de cette petite critique : la voix intérieure de Jean-Do ne nous convainc pas vraiment, donc difficile de s'impliquer. L'absence d'histoire de fond à propos des autres personnages ne permet pas non plus d'avoir assez de ressentis pour s'impliquer dans ce qu'il se passe à l'écran. L'ensemble du film nous fait donc alterner entre l'empathie et l'ennui, mais n'est pas assez émouvant ou convaincant pour aller assez loin qu'il l'aurait fallu pour essayer de comprendre, au moins un peu plus, une personne coincée par la souffrance du locked-in syndrome.