Regretté et regrettable...
Amateur et joueur de D&D à la sortie du film, c'était avec regret que j'avais dû faire l'impasse sur le travail de Bakshi - damned, j'étais bien trop jeune. Je viens de rattraper ce retard de 30 ans et ce n'est pas sans regret non plus. J'ai vu ce film en plusieurs fois, ayant, de premier abord, failli l'abandonner au début.
Le film de Bakshi est assez inégal. Si le découpage scénaristique fait l'impasse sur certains points, il reste globalement valable et tente de suivre la trame du livre. Il est également rythmiquement efficace, ama. Hélas, ce n'est qu'une première partie et Bakshi n'a jamais eu l'occasion de sortir la suite, ce qui est, avouons-le, terriblement ennuyeux pour le spectateur.
Graphiquement, l'utilisation de la rotoscopie - innovante à l'époque nous dit-on - est relativement problématique. D'un côté, les mouvements sont puissamment réalistes, de l'autre.. ils sont puissamment réalistes. C'est à la fois efficace et à la fois dérangeant de sentir toujours l'acteur sous la couche de peinture. Bakshi lui-même d'ailleurs est revenu plus tard sur l'intérêt de la technique. Et puis il y a tout ces passages où les acteurs filmés sont quasiment juste colorisés, ce qui tranche avec le style cartoonesque des autres séquences (et des décors peints) donnant un côté hétérogène à l'ensemble - ce qui personnellement ne me va pas vraiment.
On sent que Bakshi a jonglé avec les impératifs financiers et temporels. Cela hélas transparaît un peu trop dans le résultat qui reste regardable une fois pris par l'histoire.
Reconnaissons également à Bakshi d'avoir redonné un coup de pouce à l'oeuvre de Tolkien qu'il appréciait, et de faire partie des références de Jackson qui, lui, n'a pas eu vraiment à se poser de questions financières pour son travail.