Franck Dubosc et Alexandra Lamy se donnent la réplique pour incarner les Morel, une petite famille pas comme les autres. Au petit matin, père, mère, grand-mère et enfants ont échangé leurs corps.


Un jour, les Morel se réveillent avec une drôle de gueule de bois. Ils découvrent que l'esprit de chacun est coincé dans le corps d'un autre membre de la famille! La jeune Chacha, 6 ans, est coincé dans le corps du père (Franck Dubosc), lui-même prisonnier dans le corps de son fils, le fils dans le corps de la grande sœur, la mère (Alexandra Lamy) dans le corps de sa fille. Bref, au milieu d’un mariage qui bat de l’aile et d’une vie professionnelle en dilettante, la famille Morel est complètement chamboulée.


Pour le meilleur et pour le rire; comme une dyslexie du réel, l’échange de chasubles a toujours fait les choux gras de la comédie. Du film culte au nanar juteux, citons Freaky Friday avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan, le ventre étonnamment rond de Marcello Mastroianni dans L'événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune ou Matthew Perry qui n’en finit plus d’avoir 17 ans dans 17 Again; le body swap est toujours à la barre d’une exploration de la vie des autres, d’une leçon apprise de l’autre côté du miroir.


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Une parfaite, voire très scolaire, illustration de son énoncé
initial...



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Chez les Morel, voilà que les rôles s’inversent aussi, d’un coup d’un seul. Au petit matin le père suce son pouce, la mère est haute comme trois pommes et la grand-mère s’est dissipée dans le corps d’une ado. Un gros «deepfake» généralisé gangrène les Morel et il ne reste que les post-ils sur les fronts pour y voir plus clair. Et une malédiction (ou bénédiction, allez savoir!) n’arrive jamais seule. Alors qu’Alain Morel, mari, père et rédacteur en chef dépressif, tente de négocier avec les syndicats pour sauver son journal, et que son épouse, une infirmière émérite, semble avoir trouvé un peu d’exotisme dans les bras d’un autre (Artus), l’échange de corps tombe un peu comme un cheveu sur la soupe-opéra familiale.


Il y a une fatalité du cinéma. Les grands metteurs en scène deviennent des fabricants et les belles idées font des ricochets. Il avait écrit Vilaine et Kaboul Kitchen, Jean-Patrick Benes embarque les sempiternels Alexandra Lamy et Franck Dubosc (ici dans leur troisième film ensemble) pour nous raconter une toute petite histoire de la vie familiale. Symptomatique d’un cinéma qui fabrique des comédies sur-mesure et des morales certes louables, mais préfabriquées, Le sens de la famille mise tout sur l’aura de son duo principal. Pourtant, Nils Othenin-Girard et sa jeune sœur surclassent des parents en petite forme. Alors, entendons-nous bien, ce n’est pas Quvenzhané Wallis dans Beasts of the Southern Wild, mais Rose De Kervenoaël déploie une énergie convaincante pour maintenir le métrage à flot.


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Le body swap est toujours à la barre d’une exploration de la vie des
autres...



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Une ritournelle du temps qui passe et des actes manqués, un hymne à la famille en ces temps incertains. Pour nous charmer Jean-Patrick Benes nous a même ramené Sébastien Chabal, c’est vous dire! Indolore, incolore, insignifiant presque, et pourtant une parfaite, voire très scolaire, illustration de son énoncé initial, Le sens de la famille déplaira autant qu’il pourra séduire. Après tout, il fait bon vivre, parfois, au pays du risque zéro.


Critique à retrouver sur Cineman.ch

guardianalfred
4
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le 4 juil. 2021

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