Le Septième Continent par constancepillerault

Premier film de Haneke, et la manière est déjà là : c'est ultra réaliste, clinique, même. Pas de BO pour relever le tout (à part la musique éventuellement jouée ou entendue par les personnages -ça restera une constante chez lui).
Ce film appartient à sa "trilogie de la glaciation émotionnelle" avec Benny's video et 71 fragments d'une chronologie du hasard. C'est en effet particulièrement glacial et glaçant : on y voit l'autodestruction d'une famille autrichienne plutôt aisée, sans qu'on comprenne vraiment les motivations d'une décision aussi radicale, même si, dans les deux premières parties, des fêlures apparaissent peu à peu.
La dernière partie est vraiment glaçante , dans sa façon très froide, très détachée de montrer les faits. Le couple se retire peu à peu du monde : le père, dont la vie professionnelle n'était pas un échec démissionne (à moins que les infos données par la mère dans les courriers lus en voix off ne soient qu'un mensonge, mais je ne crois pas) , la mère se retire de l'affaire familiale, ils vident leurs comptes, vendent leur voiture... Motif donné : un départ en Australie. Avant de détruire systématiquement toutes leurs possessions et d'en venir au geste fatal (entraînant leur fillette dans leur décision).
Alors, critique du vide de nos existences , qui conduit à une dépression si profonde qu'elle entraîne ce geste radical ou simple étude d'un cas très particulier , façon récit distancié d'un fait-divers (ce que le film n'est pas, ou du moins pas dans l'option " inspiré d'un fait réel"-même si je n'ai pas pu m'empêcher de penser -malgré des différences- à l'affaire Dupont de Ligonnès, qui a eu lieu bien après la sortie du film)? Un peu des deux ? Le film ne le dit pas, laissant le spectateur avoir sa propre interprétation