Tout commence au sommet d'une colline. En ce lieu de solitude, Jeffrey Lebowski romp avec sa dulcinée Maud Lebowski et l'enchaine au fond d'un puit à l'ouverture scellée de fer. Il s'en va sur fond de lune et de hurlement de Maud qui lui dit qu'elle reviendra.


Et en effet, vingt années plus tard, lorsque la lune devient rouge, ce n'est pas Véga qui attaque mais bien Maud. Dans un morphing rappelant les meilleurs épisodes de Stargate SG-1 sur M6, Maud devient dragon, ou assimilé. De son côté, le Dude parcours ce monde générique en compagnie de John Snow pour casser du monstre et vider des chopines. Dans un mauvais remake de l'exorsiste, John se fait déboiter par Maud au meilleur de sa forme pixelisée. John a un mur à défendre, pas de temps à perdre avec de la mauvaise littérature pour ados. L'épouvanteur aurait dû s'appeler l'épouvantable.


Maud rejoint donc son ancienne demeure et refait la déco sur fond vert d'un geste appliqué. Sa soeur, la sorcière Eva Cuité, envoie sa fille Alice pour espionner le Dude et son nouvel apprenti : le prince Caspian. Celui-ci a quitté Narnia et s'est reconvertit dans l'élevage de porc et l'agriculture. Septième fils d'une famille dont on ne voit que trois enfants, il rêve de redevenir un guerrier jouant de l'épée plutôt que de la fourche. Avant de partir, sa maman lui confie un gros médaillon qui brille.


Dans la ville du coin, le Dude boit son Russe blanc et Caspian emballe Alice. Ils se taquinent, ont les paupières qui papillonent, font de la lumière bleu avec leurs mains et des bisous trop coquins. Les responsables de la ville demandent alors de l'aide à Lebowski qui commence à s'ennuyer ferme. Ils ont capturé un nounours-garou dans une cage, ils ont des litres d'huile à disposition, mais ils ne savent pas comment "allumer le feu". Comme Johnny est encore en tournée, ils se tournent vers le Dude. Le bestiaux attend evidement ce moment pour s'échapper de sa prison mais le Dude le transforme en merguez avant d'être consommé tartare.


Un petit détour chez l'épouvateur Lebowski. Pour justifier le budjet cgi du film, on a droit à des spectres vaporeux de type 5 et un gobelin taille pixixel. Notre Caspian tue le monstre hydrophobe à coup de canif dans un torrent en crue. A ce moment, la spectatrice inspirée en profite pour aller assouvir un besoin naturel et se verser un verre de Chablis 2012 qui reste du repas de midi. A son retour, elle réalise qu'elle n'a rien perdu de l'intrigue ô combien touffue.


Pour préparer la confrontation finale, le réalisateur, dont personne n'a jamais entendu parler et dont on n'entendra plus jamais parler, organise une petite sauterie dans la ville la plus proche. Maud et ses invités massacrent la population civile avec tout plein de morceaux de vrai 3D et des cris bouhkifonpeur en dts dont les basses te déchaussent aussi bien les dents que les bo de Hans Zimmer. Maman Alice se parre de sa belle robe d'écailles accompagnée par un dragon-pibède-numérique-avec-des-lames-et-des-chaines-garou, un croisement résiduel d'une moufette et d'un guépard pixelisé et enfin d'un sabreur à quatre bras parent éloigné du docteur Octopus. Ca trucide à tour de bras, de lames et de griffes dans un joyeux bordel mal filmé et mal chorégraphié. Maman Caspian ayant choisis ce jour pour faire ses emplettes, se retrouvent face à face avec Maud qui l'a mauvaise. En effet, prodigieuse trouvaille des scénaristes, maman Caspian est une sorcière qui a, par le passé, dérobé le médaillon cosmique de Maud garant de sa toute puissance magique. Bref, maman Caspian se fait occire par Maud et tout le monde s'en fout.


L'apothéose, enfin. La confrontation finale. Les méchants se font raccourcir et disparaissent dans une gerbe de cendres du plus bel effet. Maman Alice trahit sa soeur Maud pour sauver la trahison de sa fille. Quelle famille ! La spectatrice est tellement retournée qu'elle ne peut s'empecher de remplir à nouveau son verre de Chablis et de s'offrir une part de tiramisu qu'il reste de midi. La tension est à son paroxysme lorsqu'elle revient et voit que Caspian est passé niveau 2. Son gros baton de berger (de sorbier d'après les saintes écritures) fait de la lumière et possède même une option débrayable lance-flammes. Les combats sont à couper le souffle d'une carpe asthmatique et rappellent les heures de gloire de l'agence tout risque. C'est épuisée que la spectatrice assiste à la conclusion de ce drame épique. Caspian lance son canif et foudroie le flanc de Maud. La sorcière en toc défaille et fini au barbecue.


A la fin, tout le monde est content, même Caspian qui a perdu sa mère, même Alice qui a perdu la sienne. Tout le monde s'en fout et c'est beau. On s'envoie des banalités, on se regarde dans les yeux et on se dit adieu mais pas trop. C'est encore beau. Juste avant que ne se déclenche le générique de fin, la spectatrice avisée se reservira un autre verre de Chablis pour noyer dans l'éthanol la saveur du navet.


Pour conclure : pour toute personne voulant se lancer dans l'expérience du visionnage de ce film, quelques grammes d'alcool sont grandement conseillés avant la séance. In vino véritas.

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le 11 mai 2015

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Alyson Jensen

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