Le septième sceau dégage une aura poétique et métaphysique rare, d'une force irrésistible, qui emporte tout sur son passage, tant par la splendeur du noir et blanc et l'inventivité des scènes que par la haute qualité littéraire des dialogues et la profondeur des idées exprimées.
Allant de la réflexion sur le néant à la contemplation de la beauté du monde, puis de l'interrogation tonnante au silence qui s'en suit, et enfin de la résignation à la fatalité qui nous attend au détour du chemin à la fascination de la création - seul objet digne de foi pour le cinéaste - , Bergman use de la dialectique pour affirmer son scepticisme à la fois mystique et humain, la religion et la croyance en Dieu n'étant qu'un vaste théâtre où l'illusion règne.
De théâtre il est d'ailleurs déjà question dans le septième sceau : théâtre qui divertit, c'est-à-dire étymologiquement qui permet de regarder ailleurs, qui détourne le regard : bref, qui suspend le cours du temps et fait oublier la mort – seule problématique de l'homme confronté à sa propre finitude. Or même cet exutoire des âmes, cette saine catharsis où s'invite le rire libérateur, est interrompu par la mort, mise en scène ici par cette procession que la démesure, la violence et la folie habitent.
Véritable obsession dans le septième sceau, thème central de l’œuvre, la mort trouve de nombreuses figures qu'elle hante, dont cette allégorie, joueuse d'échecs, aussi grotesque qu'effrayante, qui offre au cinéma et à l'art en général une scène inoubliable, un moment d'éternité : échec et mat, Bergman a gagné.