Le Signe de Zorro
6.6
Le Signe de Zorro

Film de Fred Niblo (1920)

Le signe de Zorro de Fred Niblo, aussi réalisateur du premier Ben Hur, est sorti seulement un an avant le début des aventures du renard masqué, contées dans The Curse of Capistrano de Johnston McCulley, sous forme de ‘’pulp’’ – feuilleton écrit sur du papier de mauvaise qualité. Il lança alors le début de la renommée du personnage, du film de cape et d’épée et de la carrière ‘’héros de cape et d’épée’’ de Douglas Fairbanks.


Le rôle de Zorro représentait un défi énorme pour Fairbanks, considéré jusque-là comme un héros romantique. Lui qui était en train de fonder la United Artists avec sa femme Mary Pickford et ses amis Charlie Chaplin et D.W. Griffith, ne voulait pas voir sa cote de popularité baisser. Au contraire, ce film relança plus vigoureusement encore sa carrière déjà enviable, en l’établissant comme LE héros de cape et d’épée, avant Errol Flynn ou Jean Marais. Il tourna coup sur coup pas moins de sept films d’aventure entre 1921 et 1929, de Les trois mousquetaires à Le masque de fer en passant par Le voleur de Bagdad. Il est alors l’un des acteurs les mieux payés d’Hollywood.


Le signe de Zorro marque aussi le début des films de cape et d’épée, sous genre du film d’aventure. D’autres stars comme Rudolph Valentino, Ronald Colman ou John Gilbert, reprennent le mythe de héros gentlemen dans des histoires de justiciers, de pirates et de voleurs exotiques, ainsi que de figures historiques. Pourtant, Fairbanks reste l’acteur le plus prolifique, et le plus populaire.
Mais le film est surtout celui que rendra populaire et mondialement connu le personnage de Zorro, qui d’un feuilleton bon marché deviendra le héros de nombreux films et séries. Sa popularité tient beaucoup de Fairbanks, de son adaptation (il est coscénariste), et de son interprétation. En effet, de nombreux attributs (le demi masque, le fouet, et la signature du ‘Z’), une grande partie de la dualité du personnage (le caractère comique et cynique de Don Diego notamment), et de son histoire (la façon dont Zorro se révèle au spectateur, son enfance en Espagne), présents dans toutes les adaptations, sont fruits du travail de l’acteur. De plus, son travail sur le personnage de Zorro ne servira pas que les sequels du film, mais aussi la création du héros vengeur américain, le super héros. Superman comme Batman, héros masqués à double identité, doivent mine de rien beaucoup à ce film assez peu connu de 1920.


Pourtant le film ne tire pas toute sa force de sa postérité. La mise en scène est assez bonne, surtout dans la représentation de Don Diego et de ses relations avec son père et sa fiancée, Lolita. Fred Niblo utilise très bien la profondeur de champ et les contrastes de taille, par exemple entre l’ombre de Diego et de Fairbanks. De plus, la fin et sa satire de la censure de l’époque est du plus bel effet.


Toutefois, le film est en grande partie porté par Douglas Fairbanks et son double jeu : acrobaties et chorégraphies d’escrime époustouflantes la nuit (l’acteur effectuait toutes ses acrobaties lui-même), et retour à son personnage comique, voir ridicule le jour. J’avoue avoir été plutôt agacé par le personnage de Diego, même si c’est certainement l’effet voulu. Celui de Guy Williams, s’il est moins crédible et inventif car trop proche de celui de son alter ego nocturne, est quand même beaucoup plus classe et attachant. Heureusement que le personnage de Fairbanks sénile meurt au bout d’une heure, parce qu’une série de plus de trois saisons avec un Diego pareil aurait été horrible !


Le signe de Zorro est donc un bon film d’aventure, qu’il peut être intéressant de montrer pour se rendre compte de l’anthologie du personnage de Zorro et du super héros, ainsi qu’à ceux qui pensent que les films muet en noir et blanc sont tous chiants ! Et pour tous les autres, on passe un très bon moment, c’est très divertissant, quoique pas très profond.

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le 23 août 2015

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Fiddlebolt

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