Chef-d'oeuvre du néo-réalisme italien, ce qui se suffit à soi-même du point de vue stylistique.

Il s'agit d'abord d'un film marxiste d'une rare intelligence. En effet le propos de tous ces errements à travers Rome à la recherche d'une bicyclette perdue est de démontrer, non pas que celle-ci ne peut pas être retrouvée, mais qu'il est possible qu'elle ne le soit pas. Or cette situation prend valeur exemplaire puisqu'elle va mener le personnage principal à la seule issue possible : se retourner contre sa propre classe. En bref, on a là une démonstration extrêmement convaincante que le capitalisme (ou autre chose à déterminer, le film est assez vague pour cela) aboutit à la lutte des plus pauvres entre eux. Mais on a en même temps affaire à une tragédie personnelle et à une déchéance morale, on aboutit donc aussi à l'aliénation de la classe ouvrière.

Cette réflexion politique intelligente se double d'une profonde sensibilité émotionnelle, principalement dans le développement de cette relation père-fils. Cette confiance aveugle, parfois douce, souvent illusoire, comme ce bref moment de bonheur volé au restaurant, sera brisée par la tragédie que vit le père. Mais, moment grandiose, elle se muera en compréhension, puis en pardon.
corumjhaelen
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le 27 mars 2013

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