Sébastien, 11 ans, à son institutrice : "Tu veux coucher avec moi ?"

"Le péché selon Sébastien". Un titre bien chrétien pour un film beaucoup moins pieux. La traduction française peine à rendre grâce au long métrage allemand. "Wer früher stirbt ist länger tot" - celui qui meurt tôt est plus longtemps mort - ça claque moins dans la langue de Molière, mais dans celle de Goethe, ça fait son petit effet. De quoi piquer la curiosité des spectateurs. Comment réaliser une comédie avec pour sujet, un thème aussi joyeux que la mort ? Durant les premières minutes, Marcus H. Rosenmüller joue de ce titre étrange. Un jeune garçon à vélo, une camionnette arrive au loin, le conducteur quitte la route des yeux. Ca y est, se dit-on, le gamin est mort : plus vite on meurt, plus longtemps on reste mort. Que nenni ! Fringant, le garçon se relève sans une égratignure. Prêt à faire les 400 coups.

Pendant 1h45 le réalisateur entraîne les spectateurs dans les contrées bavaroises. Ses montagnes, ses petits villages, son dialecte et… sa bière. A laquelle le jeune Sébastien, même pas 12 ans, a déjà goûté. Tout bascule pour lui le jour où il apprend la terrible vérité : sa mère est morte en lui donnant naissance. Sébastien - qui, sans cela, avait déjà de nombreux péchés à son actif- n'a plus qu'une crainte : finir dans les flammes de l'Enfer. Il se met alors en tête de devenir immortel. Non, le film ne prend pas une tournure fantastique, même si les cauchemars de l'enfant frôlent avec le genre pour mieux nous dérouter. "Wer früher stirbt ist länger tot" décrit à merveille ces rêves d’enfant auxquels les grandes personnes ne croient plus. Pour se faire pardonner, Sébastien ne voit que deux alternatives : devenir une rock star et ainsi être immortel ou faire en sorte que son père trouve une nouvelle femme.

Le garçon tente de faire du mieux qu’il peut, mais finit toujours par faire quelques erreurs au passage. Et c’est ce qui donne son charme à ce film : le héros n’est pas parfait, il ne réussit pas tout ce qu’il entreprend. Le film touche par sa simplicité et sa sincérité, une petite bulle d'optimisme sur un thème difficile. L'ensemble des personnages semble proche de nous. Et cela fait du bien parfois. Mention spéciale pour la prestation de Markus Krojer, dans le rôle de Sébastien, qui porte le film. On découvre avec bonheur ce village bavarois et ces amis qui se retrouvent tous les jours au bistrot du coin pour discuter de tout et de rien. Et ce en des propos souvent grivois devant ce jeune garçon qui ne comprend pas tout, mais qui, comme tout enfant, encore plein de naïveté, s’empresse de répéter ce qu'il a entendu. C’est ainsi qu’il demande innocemment à son institutrice : Tu veux coucher avec moi ?
Kaelia
7
Écrit par

Créée

le 5 mars 2015

Critique lue 649 fois

Kaelia

Écrit par

Critique lue 649 fois

Du même critique

Je suis un dragon
Kaelia
9

L'imagination est parfois ce qui rend le mieux compte de la réalité

Margot, jeune adolescente discrète, a tout pour vivre une vie paisible, à quelques détails près : la jeune orpheline est indestructible et capable de voler. Sa destinée littéraire semble alors toute...

le 16 juin 2015

2 j'aime

Deux mères
Kaelia
6

Une seule mère

Deux mères d’Anne Zohra Berrached aborde un thème difficile : le parcours du combattant d’un couple de femmes pour avoir un enfant. Pour retranscrire aux mieux cette réalité, le film se rapproche...

le 25 mars 2015

2 j'aime

Nous rêvions juste de liberté
Kaelia
10

On the road again

Wow, quelle claque ! Une semaine après avoir tourné la dernière page – et quelle page ! – je ne m’en remets toujours pas, j'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais. Nous rêvions juste de liberté, se...

le 5 juin 2016

1 j'aime