Crevette qui dort se laisse emporter par le courant !

Tourné en 1945, Le Sexe fort précède historiquement la plupart des films de science-fiction classiques qui arriveront en masse avec les années 50.

Mais ici l'argument d'anticipation n'est qu'un prétexte pour établir une situation ubuesque : sur une île dans un océan indertéminé vit une société entièrement dirigée par des femmes, où le temps s'exprime en minutes, où l'on paye en vaches et où les hommes sont réduits en servitude. Certes ils ne sont pas enchaînés, mais ils doivent s'occupper sans broncher de toutes les tâches ménagères, sont mariés de force, et n'ont pas le droit de se raser. C'est ainsi qu'ils portent tous une longue barbe touffue.
Les femmes, étonnament belliqueuses, portent elles l'uniforme (des costumes de majorettes avec des énormes épaulettes qui leurs donnent des silhouettes de Y). Tout ce beau monde (qui rappelle furieusement l'Atlantide par son architecture et ses décorations) est sous le joug de la reine Eva 45 et sa clique de ministres.

Tout va bien dans cette petite utopie (ou dystopie, c'est au choix selon les sensibilités) mais c'était sans compter sur le naufrage d'Adán, un jeune éphèbe mexicain au look de mariachi, & Curro, un toréro andalou (une sorte de mix entre Luis Mariano & Fernandel), qui s'échouent chez nos demoiselles. Nos deux beaux glâbres vont faire tourner les têtes de ces dames et réveiller les syndicats masculins (le PIM et le PAM), qui prendront comme symbole de la révolte une “faucille” un peu spéciale.

Partant d'un postulat féministe (on est très proche de “L'île des esclaves” de Marivaux avec les femmes à la place des esclaves), le film révéle assez vite sa morale machiste à grand renfort d'humour mysogine. Un brin décalé aujourd'hui (il faut le replacer dans le contexte de l'époque), il est vraiment à prendre au second degré pour bien l'apprécier. Il y a aussi quelques clichés racistes, notamment sur les nationalités de nos “barbares” (au sens antique du terme), qui sont étudiés dans des livres dans le but d'être séduits. Ça donne lieu à une scène hallucinante où deux personnages, sombreros vissés sur la tête, se saoûlent la gueule en engloutissant les tequilas frappées les unes après les autres (avec le citron et le sel, oui oui monsieur !)

Sur le film en lui même, la mise en scène est un peu pauvre mais les acteurs font leur travail, notamment comique. Les décors ont certes vieillis mais restent tout à fait décents pour l'époque. On se serait par contre bien passé des quelques chansons qui viennent un peu casser le rythme.

Délicieusement kitsch et franchement plutôt drôle, Le Sexe fort a vraiment du charme, alors je le surnote un peu !

NDR : Si vous faites attention aux prénoms vous aurez sûrement une idée du déroulement de l'intrigue…
Quentin-S
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le 9 nov. 2013

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Quentin-S

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