Leaving Las Vegas est peu l'antithèse de Pretty Woman ; certes cela débute par la rencontre d'un homme en mal d'amour avec une prostituée au caractère bien trempé, mais point de happy end, point de légèreté ni de revirement dans le comportement.
Ici Nicolas Cage n'est pas un prince charmant riche et propre sur lui mais plutôt un homme alcoolique au sens le plus profond du terme, suicidaire et sans aucune volonté de changer. Et ceci même après avoir trouvé son ange...
L'ange en question est magnifiquement interprété par Elisabeth Shue et se veut être une prostituée au professionnalisme quasi mécanique, froid et méthodique mais qui révèlera bien vite ses fissures (sous forme de confession) devant le comportement dégoutant de certains clients, devant la folie de son proxénète, devant inacceptable viol dont elle victime... mais plus que tout devant la réalisation de sa propre solitude.

Finalement les deux compères se servent l'un de l'autre, l'une pour masquer temporairement son sentiment de solitude donc, et l'autre pour profiter d'une femme qui accepte son alcoolisme et surtout son état d'esprit pourtant rédhibitoire.
Il n'y a pas de miracle à attendre de Leaving Las Vegas, pas de note d'espoir, pas changement opportun... le moindre rayon de soleil est annihilé par la noirceur d'une réalité implacable. Chaque soupir de bonheur de Nicolas Cage est aussitôt rattrapé par une crise d'alcoolisme entraînant tremblements, spasmes et difficulté à respirer. La scène devant le frigo est à ce sujet particulièrement dure et angoissante.

Alors de ce fait le film frappe fort et attire l'attention du spectateur, notamment à travers ce couple au destin plus maudit que celui de Roméo et Juliette et à l'interprétation remarquable des acteurs principaux. Il est toutefois dommage que la réalisation ne soit pas plus percutante et ne mette pas plus en valeur la qualité de la relation entre les personnages, ni même les décors portant pourtant à matière de la ville du péché. Certaines séquences intermédiaires gâchent quant à elles des moments importants du film et font paraître le film plus long qu'il n'en à l'air ! Et de parler enfin des musiques dont l'une est très réussie et adaptée tandis que les autres passent inaperçues ou fatiguent un peu.

C'est donc par manque de maîtrise dans sa réalisation que pêche ce Leaving Las Vegas qui se démarque pourtant par son couple de personnages désespéré et atypique ; mais ce film laissera quand même sa trace dans l'âme du spectateur, une trace horrible, vide de tout espoir, un sentiment de solitude, d'asphyxie devant une dépendance à l'alcool dévastatrice.

Rarement un film aura laissé son spectateur si abattu, au bord d'un précipice dans lequel le protagoniste principal s'est déjà jeté...
ngc111
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mon top films 2010

Créée

le 11 avr. 2012

Critique lue 823 fois

3 j'aime

4 commentaires

ngc111

Écrit par

Critique lue 823 fois

3
4

D'autres avis sur Leaving Las Vegas

Leaving Las Vegas
DjeeVanCleef
8

Le con ça suce ses frites.

Je me trimbale une gueule de bois de dingue, mon ami. Et je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt, c'est mal. Affreux, même. S'enivrer comme ça, sans raison apparente, en pleine semaine, ça...

le 17 oct. 2013

44 j'aime

18

Leaving Las Vegas
chinaskibuk
10

Critique de Leaving Las Vegas par chinaskibuk

Tout d'abord la bande son "Jazzy mélancolique" par laquelle Mike Figgis nous fait entrer de façon douloureusement imperceptible dans l'univers de Ben (Nicolas Cage), quarantenaire au bout de ses...

le 28 déc. 2017

27 j'aime

10

Leaving Las Vegas
Kalian
7

Two against the world

Un scénariste alcoolo, qui a tout perdu, de sa famille à son job, décide de partir pour Las Vegas dans l'optique de se saouler à mort. Là-bas, il rencontre une prostituée, dont il tombe amoureux. Il...

le 30 oct. 2010

24 j'aime

Du même critique

La Pierre et le Sabre
ngc111
10

Critique de La Pierre et le Sabre par ngc111

Musashi, du nom d'un célèbre samouraï, est bien plus qu'un roman ; c'est un récit initiatique, un parcours auquel on assiste, et dans lequel chacun pourra puiser inspiration, force, et même, si cela...

le 13 avr. 2011

39 j'aime

6

District 9
ngc111
4

Critique de District 9 par ngc111

Toute la partie en forme de parabole sur la ségrégation raciale et communautaire est intéressante, on assiste presque mal à l'aise à l'étalage de la barbarie humaine avec une variété d'attaques qui...

le 15 janv. 2013

32 j'aime

2

Mémoires d'outre-tombe
ngc111
10

Critique de Mémoires d'outre-tombe par ngc111

Je suis finalement arrivé au bout des Mémoires d'outre-tombe. Cela aura été un plaisir quasi-permanent malgré l'importance de l'œuvre et sa densité. Des milliers de pages réparties en 42 livres,...

le 26 sept. 2010

32 j'aime

9