Difficile d'aborder un film comme Rolling Thunder, réalisé en 1977 par un John Flynn pas encore rendu à servir la soupe aux égos surdimensionnés de Sylvester Stallone et Steven Seagal. Scénarisé par Paul Schrader, le film mettra trois ans pour passer du papier à la pellicule, et sera abandonné par la Twentieth Century Fox, avant d'être récupéré par American International Pictures. Plus ou moins oublié aujourd'hui, le film bénéficie cependant d'une petite aura de film culte, comptant d'ailleurs Quentin Tarantino parmi ses admirateurs.


Pure bande d'exploitation, Rolling Thunder déballe toute la panoplie du film de vengeance. Anti-héros stoïque, méchants patibulaires, victimes collatérales, tout y passe dans la joie et la bonne humeur. Shooté avec une certaine efficacité, le film explose véritablement lors d'un siège final particulièrement violent et marquant, transformant l'ensemble en pur western urbain.


Dommage dès lors que Rolling Thunder souffre d'un rythme mollasson, tuant dans l'oeuf toute la tension requise pour certaines séquences importantes. On pourra reprocher également au film une caractérisation bancale des personnages, en premier lieu l'air imperturbable de notre héros (le mec a quand même perdu sa femme et son fils !) et sa relation pas toujours probante avec la blondasse de service.


Mais l'intérêt de Rolling Thunder ne réside finalement pas tant dans ses atours de vigilante movie, que dans les thématiques abordés par un Paul Schrader quelque peu échauffé par l'édulcoration de son script. Préparant le terrain pour le futur Taxi Driver et pour le First Blood de Ted Kotcheff, Rolling Thunder est un des premiers films américains abordant frontalement le traumatisme du Vietnam, le difficile retour à la vie civile de soldats paumés ne se reconnaissant plus dans un pays de toute façon loin d'être aussi glorieux qu'avant.


Un sujet fort traité par le biais de la série B, qui constitue le principal intérêt de Rolling Thunder, petit film sans le sou peut être pas aussi culte qu'on ne le laisse entendre mais honnête polar porté par l'excellent duo William Devane / Tommy Lee Jones.

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le 31 juil. 2015

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Gand-Alf

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