Je n'ai jamais été un inconditionnel du cinéma de Benoît Jacquot, et ces « Adieux à la reine » ne viendront pas bouleverser cette impression. Budget limité, rythme assez lent, pauses d'auteur parfois appuyées... Il serait hypocrite de dire que le résultat est passionnant. Reste que le réalisateur a des choses à dire, et qu'il les dit plutôt bien. Difficile de rester en effet insensible à la subtilité des rapports entre Marie-Antoinette et Sidonie Laborde, Jacquot ayant l'intelligence de privilégier les non-dits aux explications et aux dialogues sans fin. D'autant qu'à ce jeu, Léa Seydoux et Diane Kruger rivalisent de charme et d'élégance, apportant une ambiguïté remarquable à cette étrange tragédie. Il y a en effet quelque chose d'assez profond dans ce film qui, certes, prend probablement ses aises avec la vérité historique, mais qui a au moins le grand mérite de nous présenter le XVIIIème siècle sous un angle différent, sensuel et même parfois émouvant. Pas forcément de bouleversement donc, mais une œuvre étrange, inattendue et singulière : rarement les femmes avaient été aussi bien mises en valeur ces dernières années.