Critique publiée sur Kultur & Konfitur.
(J'ai hésité fort avec Jacquot, bite)
J'ai souvent du mal avec la catégorie un peu vague des "films à costume". Oh, bien sûr, j'adore Barry Lyndon... Joe Wright (Anna Karénine, Orgueil et Préjugés) beaucoup moins, et même le très beau Guépard de Visconti ne me fait pas frémir. L'impression qui prédomine, c'est qu'en choisissant le film à tendance historique, ce genre qu'est le "film à costumes" se contente d'une reconstitution plus ou moins fidèle d'une époque, sans y apporter d'enjeux ni contemporains, ni universels, qui permet de dépasser leur cadre temporel.
Et encore une fois, c'est l'impression que j'ai eu devant le film de Benoît Jacquot, réalisateur qui m'était alors inconnu. Une coquille vide. Des artifices visuels, de décor, de costumes, pour cacher le vide du propos. Oh, il y a bien sûr quelques beaux plans, de belles compositions de cadre, du champ/contrechamp avec abus, du gros plan très démonstratif, des travellings, une caméra portée qui vient sans doute à la fois représenter l’instabilité du régime lors de ces quelques jours et donner l'impression d'un documentaire contemporain "en immersion" dans l'événement.
Marianne chez elle
Mais au-delà de ces détails très techniques et de ces intentions parfois louables mais sans réel intérêt ni narratif, ni cinématographique, rien. Passons les critiques des historiens sur la relation de Marie-Antoinette avec la Polignac, nous sommes devant une histoire-fiction, qui prend des libertés avec la réalité. Mais pourquoi alors ne pas exploiter ce filon qu'offre la possibilité de la fiction ? Pourquoi cette passion fade, ce sacrifice total sans que rien ne touche personne ? Pourquoi cette impression de sensualité ratée, ces dialogues imbuvables si courants dans ce genre de films ?
Gardons une chose qui m'a fait sourire et relève plus de la référence que du film en lui-même : Léa Seydoux sursexualisée lit à la reine à laquelle elle est entièrement dévouée La vie de Marianne. Deux ans plus tard, dans La vie d'Adèle de Kechiche, la reine, c'est Léa Seydoux. Celle qui aime et lit La vie de Marianne, c'est Adèle, qui lui est, d'une certaine manière, soumise également.
Benoît Jacquot ne parviendra pas à me faire apprécier le genre. Preuve s’il en était besoin que les moyens dont disposent un film ne sont que poudre aux yeux s’ils ne sont pas au service d’un propos. Les Adieux à la reine en explore certains, mais toujours avec superficialité et maladresse.