Un premier film est rarement parfait,et celui-ci n'échappe pas à la règle. Mais cela reste un bon moyen d'évaluer le potentiel de son réalisateur.
Tandis que Julia Leigh, avec "Sleeping Beauty", a montré avec brio l'étendue de son cruel manque de talent, Mélanie Laurent, elle, réussit avec finesse et délicatesse à légitimer son passage derrière la caméra.
Son film, qui a le mérite d'être naturel et presque sans artifices, livre une histoire touchante, avec une simplicité et un humour léger et tendre.
Sans jamais témoigner d'une veine auteuriste, Mélanie Laurent évite la prétention et ne tombe pas dans l'écueil pompeux d'une réalisation qui, noyée par un trop plein d'ambitions, sombrerait peu à peu dans le ridicule.
Au contraire, son récit s'articule de manière équilibrée entre les différents personnages qui le jalonnent. Organisé en chapitres, à l'image du récent "Mélancholia", le film se focalise tour à tour sur chacun de ses trois protagonistes, prenant ainsi le temps de construire la psychologie des personnages et de poser les jalons de son histoire avant de faire survenir le drame qui va faire prendre un tournant tragique à l'intrigue de départ.
En plus d'insérer des éléments de comédie, notamment au niveau des dialogues, plutôt efficaces, au sein d'une trame narrative relativement dramatique, "Les adoptés" parvient à aborder avec originalité des thèmes universels. La vie, ses joies et ses peines, ses remises en question; la solitude; la difficulté des sentiments humains; l'amour, la jalousie, mais aussi la mort. Toutes ces thématiques sont exploitées de manière authentique, personnelle et singulière par Mélanie Laurent, qui arrive, par le biais de certaines scènes, à conférer une force et une intensité à son propos.
Les rapports humains, très importants, sont également bien montrés, à travers un tissage de liens qui se lient et se délient entre des individus perdus dans leur vie, chacun à leur manière.
L'émotion, le rire et la fantaisie sont au rendez-vous, le tout servi par un casting agréable, notamment grâce à la présence de Denis Ménochet, acteur français sous-exploité, que l'on a tout de même pu voir récemment dans "le Skylab".
A noter aussi une bonne bande originale, et de belles idées de mises en scène (personnages flous, bruits sourds...), ensemble qui apporte un petit plus à ce film déjà tout à fait honorable.
Pour conclure, ce premier long, plus riche qu'il n'en a l'air, n'évite pas certains clichés, mais offre un regard atypique et propose avec douceur une réflexion personnelle sur les choses de la vie et la complexité des relations humaines.