Avec cette description d’une Amérique naissante, A.Mann n’hésite pas à montrer les dérives d’une société violente, uniquement motivée par l’appât du gain – ici la découverte d’or déclenche une hystérie collective. Au milieu de cet univers sans foi ni loi, James Stewart incarne un homme au passé mystérieux qui ne correspond pas au héros traditionnel. Effectivement, plus le film avance et plus le spectateur peut se rendre compte de la véritable nature d’un héros aux réflexes proches de ceux d’un psychopathe. Le cinéaste insiste notamment sur l’effet de miroir entre le personnage de James Stewart (censé être le bon) et celui incarné par Arthur Kennedy (identifiable comme le méchant). Ni l’un ni l’autre n’est intrinsèquement bon ou méchant semblent nous dire les auteurs puisque ce sont finalement leurs choix qui en feront un héros ou un être malfaisant.
La mise en scène d’Anthony Mann est exceptionnelle pour faire ressortir la géographie d’un pays gigantesque. Ici, chaque scène classique – un duel, une fusillade, une embuscade – est sublimée par son inscription dans une géographie tourmentée (que ce soit une montagne, une rivière et ses rapides) et un climat particulier.
Ce second film (et 2eme gros succès a sa sortie en France juste derrière L'homme de la plaine ) du cycle Mann-Stewart est admirable à bien des égards.