Certains veulent être astronaute, d'autres aventurier, peut être justicier ou encore gangster. Henry Hill a choisi la dernière possibilité. Il faut dire que son environnement en est peuplé depuis le berceau. Ce n'est donc pas un hasard s'il se met à faire de "petits boulots" pour la famille Lucchese, au lieu d'aller à l'école. Puis, inévitablement, se met à connaître la maison, la façon de vivre mais aussi les méthodes de sa nouvelle famille. Mais aussi rapide et jouissive que soit son ascension, elle ne pourra pas éviter la lente et douloureuse chute de ses idéaux.
Au lieu de tourner autour du pot pour en arriver à un constat tellement évident qu'il en devient barbant, autant poser la seule vraie question: qu'est ce qui fait de ces Affranchis le chef-d'œuvre de Martin Scorsese?
Parce qu'en même pas 2h30, le cinéaste parvient à nous immerger comme jamais dans le monde si particulier de la mafia. Il réussit également à épouser la forme d'un biopic tout en évitant avec panache tous les pièges du genre(les ellipses faciles ou la prévisibilité).
D'accord, compte tenu du fait qu'il s'inspire de l'histoire vraie d'un criminel, il parait plus aisé de capter l'attention. Mais plus l'intrigue avance, plus on est saisi par une vérité, à savoir que seul Scorsese pouvait emballer un ouvrage avec pareille maestria. Seul le sens du montage du réalisateur américain pouvait imprégner un rythme aussi fluide à cette histoire sans en diluer la substance. Car au final -et même si il y a bien quelques fusillades et meurtres sanglants- il s'agit d'une histoire universelle. Elle brasse beaucoup et se fait une joie de réduire le rêve américain à néant en l'adaptant à la sauce gangster.
On ne remerciera jamais assez Scorsese pour ça. Et pour nous avoir fait découvrir Ray Liotta, inoubliable en Henry Hill. Il apporte son charisme et sa présence ambigüe tant et si bien qu'il semble ÊTRE Hill. Et pourtant, il était quand même entouré d'un De Niro grandiose en "grand frère" et d'un Joe Pesci marquant en ami psychopathe imprévisible. Pardonnez que la liste soit courte, mais si on doit encenser tous les interprètes, cela prendrait une centaine de ligne.
Tout est absolument prodigieux, et une fois fini, on en veut encore. Parce que comme pour une œuvre d'art, on ne se lasse jamais d'en admirer les contours et détails.