Un des critères d'un grand film, c'est sa capacité à survivre au temps qui passe. Revu hier, j'ai retrouvé tout ce qui dans mon souvenir faisait le sel de l'oeuvre de Scorcese; Un sujet analysé avec la précision d'un entomologiste (et pour cause, le réalisateur a vécu dans environnement de truands, d'ou la foule de détails qui font vrais - le mariage, les boulettes..), une description d'une bande de losers, aussi puissants que terrifiants, mais tellement contraints par leur environnement que la messe est dite d'entrée (la scène au copacabana le vendredi avec les petites amies, le samedi avec les épouses est un petit bijou de cynisme social,le mariage et ses rites d'un autre age); Du génie dans la mise en scène, truffée de bonnes idées (l'importance que veut se donner sur le plan narratif la voix off de ray liotta alors qu'il est juste en perdition, comme chaque image le montre). Une mise en scène qui frôle parfois d'ailleurs la perfection (ah le plan séquence pour l'entrée du copacabana, inutile au niveau de l'histoire, mais parfait sur le plan technique). Des acteurs habités (joe pesci rafle l'ensemble de la mise), une trajectoire de drame qui, minute après minute se profile, et une fin pitoyable de médiocrité (pour notre "héros"). Scorcese peint ici une tragédie humaine, avec le juste regard, celui qui n'est pas abîmé par le mépris ou l'envie, ni altéré par la morale.Un chef d'oeuvre donc.