Les Amants passagers par pierreAfeu
Ainsi les blagues juives de Woody Allen seraient de bon goût, tandis que les potacheries queer de Pedro Almodovar seraient vulgaires et pas drôles ? Que des stewarts maniérés dansent comme des pétasses sur I'm so excited serait malvenu et ridicule ? Quoi d'autre ?
Almodovar, l'un des cinéastes les plus palmedorisables, désormais classé parmi les grands grâce à quelques drames plus (Parle avec elle, Volver...) ou moins (La piel que habito, La mauvaise éducation) réussis, s'offre avec Les amants passagers une pantalonnade sans conséquence, qui serait plus proche des films de ses débuts. Sauf qu'à ses débuts, l'affirmation d'identités "différentes" s'imposait, seriez-vous tentés de dire. Comme si (ré)affirmer sa différence, se tourner en ridicule, parler de sexe sans entrave, n'était pas encore, et à nouveau (regardez sur votre droite) d'actualité. Qu'Almodovar se risque à vouloir parler de la crise espagnole est cependant plus hasardeux... un homme d'affaire vereux ne suffit pas. Et puis, ce n'est pas son registre (à Pedro).
Les amants passagers est un film charmant, rigolo, rigolard, inégal et brouillon. Certaines scènes sont en trop (les extérieurs madrilènes), d'autres auraient pu être développées (le cameo Cruz/Banderas), on pouvait également espérer davantage de trash, un peu plus de perversion, pourquoi pas... Mais en l'état, la démarche d'Almodovar est salutairement saine, fraîche et décomplexée. Que le film soit à moitié réussi n'est finalement que secondaire. Quant aux pisse-froid, on les emmerde.