De merveilleuses idées noyées dans un scénario magistralement nébuleux

Nostalgique de la saga Harry Potter et friand de nouvelles aventures magiques, je me rendis au cinéma voir ce nouvel opus des Animaux Fantastiques sans attente particulière au vu du bouche à bouche mitigé que l'on m'avait partagé. Et finalement...on peut dire que j'ai bien fait puisque ce long-métrage arrive même à me frustrer. Il y avait de quoi faire un excellent film, ou plutôt devrais-je dire roman. Les deux peut être ?

En effet, je suis arrivé à ce simple constat: Tout le monde ne peut pas être scénariste. Même une romancière telle que JK Rowling peut faire des erreurs et n'avoir pas la technique nécessaire afin de rédiger et organiser un bon récit. Je citerai également Stephen Kings comme auteur de génie mais qui n'est cependant pas parvenu à offrir une vision cinématographique des ses œuvres devenues cultes. Ici, je suis dans l'embarras de déclarer que le plus gros point faible de ce long-métrage, c'est son scénario. Aie...ça fait mal, oui je sais mais c'est pour votre bien. Je commence donc par le plus dur à entendre, à savoir les problèmes d'écritures.

Commençons par mon ressenti lors de la projection: "Ouf c'est assez confus". Maintenant à la fin: "C'est fouillis et encore plus confus". Tout ça pour dire qu'il y a beaucoup de choses dérangeantes dans le film. Tout d’abord, la romancière veut traiter trop de choses à la fois et finit pat se brûler les ailes comme on dit ! Les incohérences et facilités scénaristiques abreuvent le récit jusqu'à heurter le spectateur, elles ne peuvent absolument pas être oubliées. Et histoire de ne rien arranger, JK Rowling utilise du fan service comme pour rappeler que les films Harry Potter resteront les meilleurs et les plus maîtrisés. C'est dommage car le premier opus se revendiquait comme un successeur de cette saga mais préférait voler de ses propres ailes en installant une nouvelle ambiance (New-York) et des personnages drastiquement différents des héros précédents (Norbert Dragonneau, Jacob) Finalement, on revient à un univers très connecté renonçant à sa singularité, comme pour satisfaire les fans ayant renier le premier film.

Parlons maintenant des personnages, possédant un énorme potentiel notamment à travers leurs relations (que ce soit le lien fraternel des Dragonneau, le triangle amoureux Leta/Norbert/Tina ou encore les relations aimantes Queenie/Jacob et Nagini/Croyance). Malheureusement, aucun d'eux n'est assez bien développés et on passe complètement (en tout cas pour ma part) à coté de l'émotion qui est censée en ressortir. Romantique dans l'âme, je suis à fond pour d'inclure de la romance au milieu de ce monde sombre mais il faut accorder un minimum de temps à définir les relations et à montrer les interactions/confrontations des personnages.ici, le climax n'arrive ni à émouvoir ni à choquer à cause de cela. Je regrette beaucoup les choix scénaristiques et particulièrement ceux de Queenie et Leta Lestrange, possédant chacune une intrigue passionnante qui aurait pu être portée à l'écran de manière grandiose et à la fois intimiste. D'ailleurs, le final en cliffhanger, que je trouve trop alambiqué, ne dévoile même pas les conséquences de son propre récit, refusant de créer une nouvelle fois l'émotion avec l'état émotionnel de ses personnages principaux. Le spectateur n'a plus qu'à imaginé les répercussions des événements du long-métrage mais n'en ai jamais sur. Piètre façon de terminer son film... Jacob,Tina et Queenie disparaissent sans laisser de trace, comme si de rien ne s’était passé depuis la fin du premier opus.

Il y a tout de même du positif au milieu de ces confusions ! Norbert Dragonneau est toujours aussi attachant et charismatique par son comportement étrange et original. J'aime la façon dont il participe à l'intrigue sans le vouloir réellement, adoptant très souvent la même posture que le spectateur (scène du cimetière). J'ai hâte de découvrir ses prochaines aventures ! Pour ce qui est du méchant, je suis à moitié convaincu. Eh oui, succéder à Voldemort, c'est pas si facile ^^ Déjà, Johnny Depp arrive à lui procurer une certain charisme et un magnétisme intriguant. Il manque cependant un gros développement sur son passé afin de comprendre ses intentions, ce qui arrivera sûrement au prochain épisode (c'est triste mais c'est une réalité, les films deviennent de plus en plus des prémisses à leurs suites). L'exposition de son plan est assez intelligente et parvient à faire un écho avec l'actualité (Trump, montée des parties de l’extrême droite) de manière très efficace. On peut également noter que l'absence de manichéisme, inédit dans la franchise, est appréciable et j'espère que l'auteur continuera dans cette voie. Enfin, je terminerai cette partie scénario en parlant de la fameuse scène du cimetière, que je trouve intelligente dans la manière dont elle est introduite mais confus dans la façon de présenter les révélations. Encore un potentiel gâché...

Au niveau des images, il faut avouer que l'aspect visuel est le gros point fort du film. Son cadre est toujours soigné et millimétré et la gestion de la lumière est tout bonnement remarquable. David Yates parvient à produire des jeux de lumières en clair/obscur tout à fait sublimes, épousant le ton sombre du long-métrage. Mon avis sur la mise en scène est donc assez nuancé. D'un côté, nous avons une direction artistique étonnante et qui fait plaisir aux rétines et de l'autre des plans assez basiques et sans grande originalité. Pas de grande prise de risque en somme. j'ai bien cru qu'on allait assister à un désastre lors de la première scène d'action du film, très "mainstream". En effet, elle est complètement illisible et le spectateur se rend rapidement compte que l'écran n'est composé d’une bouillie d'effets spéciaux mal équilibrés. Ensuite, le long-métrage continue de garder le rythme lent de son prédécesseur mais cela crée ici une opposition assez dérangeante avec les nombreux événements qui s'y passe. Enfin, pour ce qui est de la musique, excepté les notes du thèmes d'Harry Potter qui arrive encore (mais pour combien de temps ?) à faire frissonner, les différents morceaux de piano n'arrivent jamais à marquer.

Ainsi, c'est avec un pincement au cœur que je m'avoue sceptique. Sceptique quant au futur de cette seconde franchise qui va pour l'instant en terrain inconnu. Je ne retrouve malheureusement plus cette énergie et fantaisie que l'on avait auprès de Harry. Les quelques bonnes idées du long-métrage (Poudlard, cimetierre, animaux fantastiques) sont oubliées au profit des importants problèmes de scénario rendant le tout confus et perturbant. Il n'empêche qu'on passe un bon moment, à se triturer les méninges certes, mais avec détermination car je veux en aucun perdre de vue les aventures de Norbert, tenant l'ombre d'une franchise culte sur ses épaules fébriles. le voilà qu'il nous quitte déjà, descendant dans sa valise. Rendez vous dans deux ans pour ce qui sera sûrement le volet décisif quant à l'avenir de cette saga. Il va devoir en faire des choses, le pauvre Norbert !