Même si il a essuyé beaucoup de critiques le premier volet de ce nouveau cycle de films écrit par J. K. Rowling elle-même (inspiré d’un livre court écrit pour une association humanitaire) se déroulant l’univers d’Harry Potter à une époque antérieure a connu un succès confortable (814 Millions de dollars). L’annonce de sa suite, toujours dirigée par David Yates (réalisateur des quatre derniers Harry Potter) a soufflé le chaud et le froid parmi les fans : le casting de Johnny Depp en Grindelwald a provoqué des remous (suite aux accusations de violence domestique émises par son ex-femme Amber Heard) là ou celui de Jude Law pour incarner le jeune Dumbledore (incarné précédemment par Richard Harris et Michael Gambon) a été bien accueilli. L’oscarisé Eddie Redmayne reste à la teté de la distribution dans le rôle du magizoologiste Norbert Dragonneau ,Katherine Waterston (Alien Covenant) , Ezra Miller (Le monde de Charlie) et Dan Fogler reprennent du service dans un volet qui se veut plus mouvementé et plus épique que le précédent. Après une scene d’introduction qui voit le magicien rebelle Gellert Grindelwald (Johnny Depp) s’évader de sa prison américaine profitant de son transfert , on retrouve notre héros Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne) assigné à résidence en Angleterre car il refuse d’indiquer au ministère de la magie pour lequel travaille son frère Theseus (Calum Turner) où se trouve Croyance (Ezra Miller) qui a survécu au premier volet et dont les pouvoirs inquiètent les autorités du monde des sorciers. Mais bientôt c’est son ancien professeur Aldus Dumbledore (Jude Law) lui-même qui lui demande de partir secrètement pour Paris où se cache le jeune homme avant que Grindelwald ne le convainque de se joindre à lui. Vite rejoint par son acolyte, Jacob Kowalski (Dan Fogler), Dragonneau se lance dans cette traque où il va retrouver Tina (Katherine Waterston) dont il est secrètement amoureux mais qui s’est éloignée de lui le pensant encore épris de son ancienne camarade de classe Leta Lestrange (Zoe Kravitz) qui détient peut-être le secret des origines de Croyance…


Alors que cette nouvelle série (cinq films sont prévus) devait étendre l’univers magique : chaque film se déroulant dans une ville différente nous faisant découvrir différentes communautés magiques à travers les voyages de Dragonneau à la recherche des animaux fantastiques du titre, on a le sentiment qu’avec ce second volet J.K Rowling qui signe le scénario semble littéralement se réfugier à Poudlard. Le film consacre une partie de son intrigue aux révélations des ascendants secrets de certains protagonistes à travers de longs flash-backs dans l’école avec les élèves , leurs cours et leurs professeurs qui renvoient très directement aux films du sorcier à lunettes. Ce ne sont ni ces flashbacks, ni la présence de la célèbre académie (au grand plaisir des fans présents à la projection) ou de Dumbledore , assez normales dans le cadre d’un « univers étendu » qui interpelle mais le fait qu’ils arrivent dés le second film avant que Les Animaux Fantastiques ait eu le temps de développer ses propres thèmes et motifs narratifs. Certes les créatures fantastiques du titre sont encore présentes avec une très belle créature asiatique le Zouwu – semblable à un lion avec une longue queue rouge et plumeuse qui ressemble à une marionnette d’un défilé du Nouvel An chinois – mais de façon plus anecdotique en tout cas moins directement liées à l’intrigue. si il reste le personnage principal Dragonneau est avec ses camarades du premier volet un peu relégués à l’arrière plan. Mais ce qui nous a le plus géné avec la direction que semble vouloir donner la romancière anglaise avec Les Crimes de Grindelwald à cette nouvelle franchise, ce sont – si on veut être aimable- les inspirations, si on veut être diplomate – les emprunts et si on veut être franc le plagiat d’une autre saga de la pop-culture. On parle ici d’une communauté dont l’hérédité particulière confère des pouvoirs extraordinaires, communauté dans laquelle s’affrontent deux philosophies incarnées par deux adversaires autrefois amis (dans le cas présent amant évoqué de manière subtile mais claire) dont l’un dirige une école où les jeunes apprennent à maîtriser leurs pouvoirs et l’autre qui souhaite que cette communauté domine les humains ordinaires par la violence avant que ceux-ci par peur ne finissent par les détruire. Ajouter à cela leur lutte pour recruter un jeune mut…magicien aux pouvoirs immenses mais incontrôlables dont l’emblème est un phénix..n’en jetez plus ! (BONUS on a même une scène de changement d’allégeance qui rappelle X-Men First Class). La saga Harry Potter s’inspiraient déjà de nombreux motifs classiques et bien entendu la saga X-men n’est pas propriétaire de ces thématiques mais la façon dont elles sont présentées ici repoussent les limites de la coïncidence créative.


Si cet opus se déroule en grande partie en France le spectateur n’a pourtant pas un sentiment de dépaysement, si elle semble topographiquement exacte la reconstitution (dans les studios de Leavesden) du Paris des années 20 n’a pas vraiment une atmosphère distincte de celles de Londres ou New York . Si des éléments de l’architecture de ministère français de la magie s’inspirent de celle du Grand Palais elle est au fond indiscernable de celui de New York du film précédent ou des autres décors monumentaux de la franchise . Le final au cimetières du Père Lachaise pourrait tout aussi bien se dérouler à Gotham City. Le travail de Stuart Craig décorateur attitré de la franchise (tous les Harry Potter mais aussi Gandhi, les Liaisons Dangereuses ou Le patient anglais) n’en reste pas moins magistral et méticuleux, fourmillant de détails et donne au film comme à ses prédécesseurs cette facture de beau livres d’images qui fait leur signature. La réalisation de David Yates est maîtrisée avec une qualité toute britannique , Yates jongle tout de même avec une multitudes d’éléments décors , effets visuels , créatures qu’il intègre de manière fluide et cohérente, donne au film un rythme plus soutenu et quelques séquences spectaculaires. Mais elle est aussi sans éclats, en dehors de visions poétiques comme ces linceuls qui semblent s’élever dans le ciel pour signaler la réunion des disciples de Grindelwald et elle est surtout indiscernable de celle de ses six films dans cet univers qu’il maîtrise mais dont il semble prisonnier. A son image son ensemble cast rend une copie propre mais impersonnelle. Eddie Redmayne interprète toujours Norbert Dragonneau comme un Stephen Hawking avec une baguette magique mais son gimmick d’autiste savant devient ici un peu lassant, Johnny Depp offre ce que nous pourrions appeler une interprétation standard de super vilain ( le personnage lui-même est peu défini en dehors de sa fonction de grand méchant raciste) mais si l’acteur ne semble pas vraiment impliqué il ne se laisse au moins pas aller à un cabotinage gênant. Katherine Waterston est reléguée à jouer les utilités, Ezra Miller se limite à une seule expression. Zoë Kravitz et le comédien français William Nadylam se tirent plutôt bien de leurs rôles. Mais deux performances se détachent néanmoins Dan Fogler impeccable comme dans le premier volet qui donne de son personnage d’acolyte de comédie une interprétation très humaine et attachante et un excellent Jude Law qui compose avec classe un Dumbledore intelligent et chaleureux , dont les yeux tour à tour pétillants ou graves suggèrent les secrets dont il est le gardien. Law est vraiment le MVP du film.Si l’enchaînement des péripéties rend le film plus véloce que son prédécesseur, cela se fait souvent aux dépens d’un scénario handicapé par ce qui apparaît être une combinaison complexe de trames disparates. Le film déroule dans son dernier chapitre vers des révélations où tout le monde et tout est lié qui semblent, encore une fois réduire l’univers plutôt que de l’étendre.


Conclusion : Visuellement riche avec ses nombreuses créatures , ses rappels à la série des Harry Potter (nous n’aimons pas le terme fan-service) et son final plutôt réussi et spectaculaire Les Crimes de Grindelwald saura contenter les fans du Wizarding World mais n’échappe pas à un défaut qu’il partage avec de nombreux films de franchise celui d’ apparaître comme un épisode de transition, bande-annonce de futurs événements.

PatriceSteibel
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le 14 nov. 2018

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PatriceSteibel

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