Assez logiquement, c'est bien plus le Tintin de Spielberg que celui d'Hergé que l'on retrouve dans ces "Aventures", adaptées du Secret de la Licorne, du Trésor de Rackham le Rouge et du Crabe aux pinces d'or. Une fois passé le générique clin d'œil à la bande dessinée (même si celle-ci se trouve réduite à ses onomatopées), puis une belle première séquence, où Hergé lui-même dessine un portrait de Tintin, l'adaptation surprend et choque tout d'abord par son traitement des personnages. Tous "américanisés" version XXL, bouffis et pourvus, sauf Tintin, de gros nez en forme de patates (hommage involontaire à l'école de BD franco-belge ?).
L'aspect un peu repoussant des héros s'estompe cependant assez vite, une fois l'intrigue lancée. Celle-ci s'éloigne vite de l'ambiance des planches pour s'inscrire dans le registre des aventures hollywoodiennes.
Assez curieusement, le film reprend parfois au mot près le texte ou la composition de certaines cases, mais il les inscrit dans une dynamique qui n'a plus grand-chose à voir avec celle créée par Hergé et se rapprocherait plus des Aventuriers de l'arche perdue.
Comme dans l'album, le film débute sur le marché aux brocantes du quartier des Marolles par l'acquisition par Tintin d'une maquette de vaisseau du XVIIe siècle. De même, le jeune reporter se voit sollicité par Sakarine pour lui acheter sa maquette. Mais dans une approche plus abracadabrantesque et synthétique, le collectionneur pacifique de Hergé devient le méchant omnipotent de l'histoire, et même le descendant de Rackam le Rouge ! Cette fois, Tintin ne se retrouve pas prisonnier au Château de Moulinsart, emmené par les frères Loiseau, mais sur le Karaboudjan (du Crabe aux pinces d'or)... où il rencontre le capitaine Haddock et parviendra non sans mal à s'échapper sur une chaloupe.
Après le passage par la séquence de l'hydravion jaune puis de la traversée du désert (mais sans la fameuse séquence onirico-éthylique de Tintin pris pour une bouteille de vin), nos deux héros et Milou - véritable super-chien dans le film, sont recueillis par des légionnaires. C'est dans leur fort que le capitaine Haddock retrouvera la mémoire et relatera l'abordage de La licorne de son aïeul par les pirates de Rackham le Rouge, dans une vision, là encore, nettement plus spectaculaire et hypertrophiée - mer déchaînée, vaisseaux en feu - que dans l'album. Puis Tintin et Haddock parviennent à Bragghar, port (et émirat ?) marocain où se trouve le troisième parchemin de la Licorne.
Avec l'aide involontaire de la Castafiore, faisant exploser avec sa voix la vitre protection, Sakharine s'empare du dernier élément ouvrant la voie vers le trésor. Pour lui reprendre, Tintin et Haddock se lancent à sa poursuite, dans le point d'orgue du film en terme de spectacle.
À l'issue d'une longue séquence virevoltante et assez époustouflante, Sakharine paraît l'emporter et s'éloigne sur le Karaboudjan avec les trois parchemins. Mais l'astuce de Tintin lui permet de monter un piège pour l'arrivée du bateau... en France, son point de départ. Occasion d'une autre séquence forte, avec son duel de grues portuaires entre Haddock et Sakharine. Ayant enfin découvert le secret des coordonnées du trésor, Tintin et Haddock retournent à Moulinsart et, retrouvant la trame des albums et la fin du Trésor de Rackam le rouge, ils découvrent bien les joyaux dans le globe de la statue de Saint-Jean l'Evangéliste, et grâce à la connaissance des mers du capitaine.
Mais, alors qu'Hergé clôt là sa chasse au trésor, à l'issue d'une quête sans issue au large à la recherche de l'épave, Spielberg laisse entendre que la suite des aventures de son Tintin pourrait justement l'emmener là où gît la Licorne.
danielmuraz
7
Écrit par

Créée

le 27 déc. 2011

Critique lue 284 fois

danielmuraz

Écrit par

Critique lue 284 fois

D'autres avis sur Les Aventures de Tintin - Le Secret de la Licorne

Du même critique

Le Grand Soir
danielmuraz
8

Punks not dead !

Cinquième film en huit ans pour le duo Benoît Delépine / Gustave Kervern. Et, au-delà de la sélection cannoise, cette année, la confirmation d'une vraie oeuvre en construction et de deux vrais...

le 29 juin 2012

2 j'aime

La Colline aux coquelicots
danielmuraz
6

Pas de souffle sur les Coquelicots

Laissant de côté le lyrisme environnemental de Hayao Miyazaki, tout comme l'héroïc-fantasy de son précédent film, « la Colline aux coquelicots » plonge dans le Japon du début des années 60, tout...

le 12 janv. 2012

2 j'aime

Sinister
danielmuraz
2

Sinistré

Sinister fait peur. Par la vacuité de son scénario et la platitude de sa mise en scène. Pourtant la première séquence - avec cette pendaison filmée en super 8 granuleux et son air de snuf movies...

le 27 déc. 2012

1 j'aime