Tintin n'est pas belge, il est A-ME-RI-CAIN d'abord!
Attention, plein de spoils le long de cette critique ; ceux qui ne l'ont pas vu s'abstiennent de la lire) !!!
Je ne sais par quoi commencer tellement la déception est grande. Tintinophile depuis mon plus jeune âge, l'idée de faire un film de Tintin me paraissait risquée, jusqu'à ce que Spielberg décide de ne pas y mettre d'acteurs, voulant empêcher tout mauvais jeu ternir l'image de notre reporter national et la mémoire de son papa Hergé. Bon, c'est encourageant!
Le générique rappelle fortement Catch me if you can. Un tantinet trop long, et la musique qui ne rappelle pas Tintin (ok, j'avoue que je crevais d'envie d'entendre le générique des DA remanié. Je suis un peu puriste).
Première image : impressionnée par le réalisme et comment les personnages se meuvent dans l'espace. L'image est époustouflante, leur pari est réussi de ce côté-là. Très grande attente du côté scénario et mise en scène donc. Un peu déçue par le visage trop pubère de Tintin peut-être. Et puis l'on fait connaissance avec le méchant de l'histoire (Isaac Saccharine est pourtant un gentil dans la BD – purisme, oui, je m'égare...) et nos chers Dupond-t. qui, le long du film, ne sont pas spécialement maladroits, juste « bêbêtes ».
Et puis Tintin sort son flingue. Et Tintin est assez narcissique, au vu de toutes les découpes de journal de tous ses exploits encadrées aux murs. Et Tintin n'est intelligent que parce que le seul endroit où on trouve des réponses est la bibliothèque. Barnabé, qui n'est plus un simple employé des Frères Loiseau (n'existent pas ceux-là), mais un agent d'Interpol qui espionne ce cher Saccarine pour pouvoir mieux le coffrer, connaissait visiblement son journal par cœur puisque quand il se fait fusiller devant la porte de Tintin, il a le temps de pointer de son doigt sanguinolant toutes les lettres (11, onze lettres !!!) qui vont constituer la piste à suivre sur le bateau Karaboudjan (ah, fusion Secret de la licorne – Trésor de Rackham le Rouge avec le Crabe aux pinces d'or ! Cette dernière BD qui ne sert de prétexte qu'à la rencontre de Tintin et du Capitaine ; on se demande comment et pourquoi un personnage de la classe de Saccharine possède un cargo marchand. Prétexte, prétexte.). Et décide que Tintin n'est plus seulement un reporter de choc, mais aussi un policier qui pourra prendre la relève. Ce renversement des rôles n'a pas de sens.
L'épisode du bateau n'est pas mal, et j'adore l'esthétique du Capitaine Haddock. MAIS arrive l'aventure sur l'hydravion où... Tintin lit en 3 secondes un manuel pour pouvoir piloter un avion et a appris cela en interviewant un pilote un jour... (pfffff). Aussi Haddock ROTE pour faire fonctionner le moteur qui n'a plus d'essence. Heu... !!!!!!!
A Bagghar, la « rencontre » DE la Castafiore (pas avec, Tintin et Haddock restent étrangers à elle) qui chante un air d'opéra de Roméo et Juliette, et non pas le célèbre Air des bijoux de Faust, de Gounod. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Par contre, il faut admettre qu'elle tout de même magnifique, dans cette ville superbement conçue. De plus, l'humour d'Hergé, pour une fois, s'est vraiment fait ressentir quand elle déforme le nom de Saccharine en « Rajout de sucre". Ca, c'était hilarant.
Puis commence la course poursuite interminable entre Tintin et Saccharine pour les parchemins. A la sauce américaine, ils détruisent un barrage, une ville entière (jamais, jamais Tintin ne ferait ça !!!!), et voilà que je saute sur des fils, que ma moto vole dans les airs, que je t'attrape un aigle qui accroche scrupuleusement des parchemins qui ne sont visiblement pas faits de papier car ils ne se déchirent jamais, ni ne ramollissent sous l'eau. Pour le bouquet final, un combat dans les docks et surtout, entre les deux bateaux digne de Pirates des Caraïbes. Et l'histoire de Saccharine qui veut venger la mémoire de Rackham le Rouge car ce dernier a jeté une malédiction sur la famille de Haddock 3 siècles auparavant, ça frôle le ridicule. Tout n'est que prétexte à combats, actions et explosions.
Alors oui, 4 est très sévère, surtout que j'ai mis la même cote à des films très moyens. Je l'avoue. Mais je suis une fan de Tintin. Tout vient à point nommé à lui, sans que son sens aigu de la justice, sa finesse ou son intelligence ne l'aide à braver des situations. L'humour d'Hergé existe à peine, les caractéristiques des personnages sont modifiées à outrance. De plus, je me suis ennuyée fortement, il y a énormément d'action mais dans le fond, il ne se passe rien; l'histoire est peu profonde. Prétexte. Prétexte, prétexte.
Notre héritage belge a été piétiné par le sensationnalisme américain; l'engouement de produire pour vendre vient de nous voler notre héros pour en faire un nouvel Indiana Jones ou John Mc Lane.
Tintin est devenu américain et ça, je ne l'accepte pas.
