La grande force de ce film aux accents contemplatifs fort prononcés, c'est la reconnaissance de la théâtralité en tant que manne contextuelle. L'espace est réduit aux contraintes du sujet, s'interdire l'échappatoire dans le présent pour mieux s'en affranchir en des lendemains forcément plus enthousiastes Puisque le présent est fatalement désespéré, autant vivre pour l'espoir, d'ailleurs pendant les deux heures de sa durée, ce film ne cesse de parler d'après, le présent n'étant qu'instant figé comme ces plans fixes où se meuvent les personnages.
Sous ses accents d’œuvre profondément noire, avec des décors sombres éclairés par quelques petites flammèches que l'on est à même de pouvoir toucher, comme si les flammes de l'enfer étaient là venant taquiner les âmes, le maître Kurosawa construit une œuvre aux accents pessimistes dont les personnages ne sont que par l'optimisme, forcément il ne prendra sa valeur qu'après la fin, donc dans des lendemains meilleurs. Note d'espoir que rien ne semble pouvoir arrêter, même la mort, ennemie que côtoient les protagonistes, en ce sens la dernière phrase du film donne tout son sens à l’œuvre, une danse de sacre, enfin l'espoir qui devient réalité et soudain la pendaison d'un des leurs, l'artiste, le représentant de la théâtralité, comme si la mort se rappelait à ses droits, mais l'espoir est plus fort et le suicide une idiotie.
Loin d'atteindre les sommets du maître, Les Bas-Fonds brasse ses thèmes de prédilection et propose une thérapie aux maux les plus désespérés. Humanisme quand tu le tiens...