Cinq ans après avoir réalisé son premier court-métrage, Sofia Djama passe au format long avec Les Bienheureux.

Sélectionné dans la catégorie Cinéma du Monde de la 18eme édition de l’Arras Film Festival, l’œuvre s’est notamment faite remarquer à la Mostra de Venise où Lyna Khoudri reçu le prix de la meilleure actrice dans la section Orrizonti.


Le récit suit le quotidien d’une famille algéroise et des personnes gravitant autour d’eux. Nous découvrons, au fil des séquences, le caractère de chacun ainsi que les relations les liants.
On prend rapidement ses marques au sein de cet univers. Ceci est permis grâce aux acteurs ainsi qu’une mise en scène dépourvue d’artifices conférant un cachet réaliste à l’ensemble
On est ainsi rapidement happé dans les tourments vécus par nos protagonistes. On récolte les diverses informations, que ceux-ci délivrent au gré de conversations souvent animées, afin de comprendre au mieux la société dans laquelle ils évoluent.


Le cœur du récit se trouve ici : comment trouver sa place dans un pays n’ayant pas réussi à panser ses blessures et devant affronter cette dichotomie qu’est la mondialisation/l’uniformisation des mœurs au sein d’une société n’arrivant pas à s’émanciper de comportements liberticides ?
L’œuvre n’apporte aucune solution face à cette problématique. Les séquences permettent d’analyser cette situation et pousse le spectateur à s’interroger sur ses réactions s’il vivait ces moments. Une approche judicieuse, on vit chaque instant filmé comme si on évoluait dans leur monde.


Les Bienheureux est un rollercoaster émotionnel. On alterne entre légèreté et tragédie, parfois au cœur d’une même séquence. Cette empathie, envers le vécu de ces personnages, est possible grâce à la prestation livrée par le casting. Lyna Khoudri se démarque du lot. La complexité de son personnage aurait pu nous faire tomber dans la caricature de la jeune femme hystérique piquante sa crise d’adolescence. Heureusement, sa justesse d’interprétation permet d’éviter cet écueil. À elle seule, Feriel est la synthétisation de la dualité que doit affronter la société algérienne. Elle représente cette génération sacrifiée, celle ayant subi les horreurs du passé, souhaitant vivre sa vie et sa religion comme elle le souhaite, loin des dictats imposés par un régime politique ou une communauté.


En somme, l’œuvre est une belle réussite. Au travers de son histoire familiale, Sofia Djama analyse l'Histoire Algérienne avec brio. Poignant, émouvant, glaçant, son premier long-métrage possède une âme complexe et captivante. On a hâte de découvrir les prochains projets de cette réalisatrice très prometteuse.

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le 6 mars 2018

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